La France a aidé l'Iran dans son programme nucléaire en lui livrant de l'uranium enrichi...
Le 5 avril 1979, le premier ministre de l'époque, Raymond Barre, inaugurait sur le site du Tricastin (Drôme) l'usine Eurodif d'enrichissement de l'uranium. Trente ans plus tard, en attendant de céder la place à une nouvelle usine actuellement en construction, c'est toujours Eurodif, rebaptisée Georges Besse, qui produit l'uranium enrichi pour les centrales nucléaires françaises mais aussi en partie pour l'exportation.
Ce qu'ignorent la plupart des citoyens, c'est que l'Iran est, depuis 1979 et aujourd'hui encore, actionnaire d'Eurodif à hauteur de 10%. Négociée du temps du Shah, cette participation est logiquement restée en vigueur après la prise du pouvoir par les Ayatollahs.
Les citoyens doivent aussi savoir que, alors qu'elle fait aujourd'hui partie des Etats qui condamnent le programme nucléaire iranien, la France a considérablement contribué à l'avancement de ce programme en livrant à l'Iran de l'uranium enrichi produit par Eurodif.
La France a certes envisagé de ne pas livrer aux Ayatollahs l'uranium enrichi prévu pour le Shah, mais l'Iran a réussi à "convaincre" les autorités françaises de respecter les contrats en vigueur. Le documentaire "La République atomique", de David Carr-Brown et Dominique Lorentz, diffusé le 14 novembre 2001 sur Arte, estime même que c'est là l'explication des attentats dans les magasins parisiens et des prises de journalistes en otages au milieu des années 80.
La question aujourd'hui n'est pas de savoir si la France a livré de l'uranium enrichi à l'Iran, mais de savoir pendant combien de temps et en quelle quantité. Les autorités françaises, à commencer par M. Sarkozy, doivent reconnaître les responsabilités de la France et cesser d'abuser les citoyens en dénonçant le programme nucléaire iranien… auquel la France a donc largement contribué.
Pour sortir de cette impasse, il faut reconnaître que tout programme nucléaire, et pas seulement celui de l'Iran, permet d'avancer vers l'arme atomique, et que la seule façon de préserver l'avenir de la planète est de programmer la fin la plus rapide possible de tous les programmes nucléaires, civils ou militaires.