Eveline Widmer-Schlumpf était hier au soir l’invitée de l’infrarouge Esther M., dont le passage à cette émission a semble-t-il déclenché chez elle l’audace d’oser un sourire de temps en temps, ce qui lui va nettement mieux que sa fonction passée de femme-tronc au TJ.
Inévitable EWS, inévitable sujet sur le passeport biométrique. Et si EWS a des qualités notamment celle d’avoir osé déboulonner Blocher au grand dam de l’UDC, ce n’est en tous cas pas hier soir qu’elle en a fait la preuve.
A une dernière question d’Esther sur “le point” qu’elle trouvait essentiel pour faire basculer la votation du 17 mai dans le camp du oui, EWS a répondu, “Ce serait mieux pour les jeunes pour le tourisme …” … et pourquoi pas pour la place financière suisse et la culture des betteraves jaunes, pendant qu’on y est …
Avec ce genre de non-argument, aucune chance pour elle de voir son passeport chéri renforcé dans la conviction populaire. Ce machin n’est pas en soi une invention ignoble, mais comme d’habitude le Conseil fédéral a voulu faire du zèle, poussé à la roue par la FEDPOL dont un illustre représentant de commerce avait osé montrer le bout du nez hier soir, un certain Vanek, dont le ton et la simple vue invitent directement à voter non au sujet de toute proposition de quelque nature qu’elle soit.
Encore un coup de génie d’EWS, la communicatrice … d’avoir fait venir ce gugusse.
A part ça, on retirera de cette émission que les extrêmes tiennent des discours différents mais ayant les mêmes conclusions négatives, et que l’inusable et inénarrable Darbellay, au sortir de son congé-paternité (oui ça existe en Suisse, mais faut travailler pour le PDC pour y avoir droit) a tenté de donner un coup de main à sa créature au Conseil fédéral, avec un argumentaire de carnotzet au sujet de la nécessité de travailler dans l’ordre et dans la protection des droits du citoyen à avoir le bon passeport.
Heureusement que les préposés à la protection des données ont dit tout le mal qu’ils pensaient de ce machin biotruc, Thür le fédéral n’hésitant pas à déclarer ouvertement que le fichier central contrevenait aux dispositions sur la protection des données.
Quand on sait que Tigris fait n’importe quoi, que d’autres corps plus ou moins obscurs rampent à travers champs et vallées pour traquer des délinquants aussi dangereux que le président d’Appel au peuple interpellé comme un gangster corse après 25 ans de carrière … sur un quai de la gare de Vevey un après-midi, que des armées de fonctionnaires fichent et contrôlent tout au point d’ailleurs de ne pas savoir pourquoi, que le nouveau numéro AVS unique va permettre toutes sortes d’abus en matière de croisements de fichiers, on ne peut que refuser au Conseil fédéral le droit de fabriquer ce passeport dans les conditions actuelles.
La seule justification éventuelle d’un passeport avec empreintes digitales est la sécurité pour celui qui le porte sur lui de pouvoir aisément justifier qu’il en est bien le réel titulaire. Mais ces empreintes n’ont pas à être biométrisées, surtout pas.
Car qui dit métrie dit aussi lecture et qui dit lecture dit aussi enregistrement. Par des personnes non autorisées. Comme des compagnies aériennes, des services étrangers ou que sait-on, et ceci contrairement à ce que dit la loi qui prétend que seules les autorités suisses auront accès à la puce et à son contenu. Il faut vraiment se gratter pour y croire, quand on connaît un peu le contenu des fichiers US alimentés sans aucune honte par les compagnies aériennes par regardantes.
Et au moment de voter, ne pas oublier non plus la démonstration éclatante faite hier soir par des spécialistes de l’EPFL, qui lisent dans le coeur de la puce comme on lit le Matin Bleu, et pourquoi pas en plus à distance, si on y place une puce RFID, ce qui est rendu possible par le projet.
Un projet à rejeter sans discussion, et que le Conseil fédéral se débrouille pour inventer quelque chose d’acceptable d’ici une année ou deux. Schengen attendra bien un peu. Et nous avec.
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