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Critique de “Welcome Home” (2009), le premier album solo de Butch McKoy

Publié le 29 avril 2009 par Eddie

Welcome Home (2009)Welcome Home

par Butch McKoy

Album 5 étoiles

Année : 2009
Label : Bruit Blanc
Stéréotypes : Folk, Expérimental
Liens : MySpace - Télécharger

J’sais pas si vous avez comme moi une sorte de complexe d’infériorité vis-à-vis des anglo-saxons dès qu’il s’agit de musique, ou ce préjugé stupide qui vous fait vous attendre au pire dès que vous découvrez un artiste français, alors que pour un artiste non-français, vous vous attendez au meilleur. Tellement peu de choses sont faites en France pour mettre en avant les groupes et artistes français - les bons j’parle - que je me suis habituée à ne pas y attendre grand-chose. Alors quand un type s’aventure sur les terres de la folk expérimentale, super-sombre et psychédélique, largement dominées par la scène américaine, avec justesse et authenticité comme le fait Butch McKoy, c’est un petit miracle et un grand pas pour la destruction de tous les préjugés associés à la scène française !

Welcome Home a vraiment tout pour me plaire. Le schéma classique de la folk est là, Butch est à la guitare et au chant, mais autour de lui se déroulent des choses vraiment pas orthodoxes. L’univers de Butch McKoy est en effet plus proche du psyché-rock sombrissime des Black Angels ou du noise-rock de mes chouchous Liars. Rien de très folkeux là-dedans, mais des filiations alléchantes. Malgré son titre accueillant, l’album remet vite les choses au clair avec le refrain “Go Away” où les - relatives - envolées vocales de McKoy m’ont carrément fait penser à Roger Waters période The Wall. C’est violent comme un mauvais rêve, tandis que “1000 Dreams” vous fait définitivement rentrer dans le trip de McKoy, et l’on comprend bien vite qu’il s’agit d’un album introspectif, extrêmement personnel et donc forcément insaisissable. Le mieux qu’on ait à faire, c’est se laisser embarquer, et voir où le Français veut nous emmener.

En fait, la pochette prend vraiment tout son sens avec cette chanson et, un peu plus loin, avec “Sin”. C’est pas du psychédélisme, c’est du spiritualisme. “Sin” est censée être le single - on me l’a présenté ainsi - mais à moins de vous être avalé les chansons précédentes, vous prendre ce morceau incroyable, tribal et envoûtant de plein fouet, ça risque d’être difficile à digérer. Ce truc a été enregistré dans un tipi sioux, c’pas possible autrement. Quant à “1000 Dreams” que j’ai failli oublier, c’est encore plus sombre et flippant qu’un film de Lynch (sérieusement, ce type m’effraie). Enveloppée dans un océan de réverb’, la voix obsédante de McKoy vous prend par la main… et la métaphore qui suit normalement est vraiment trop zarbi (un truc à base de sacrifice de cochons, avec des masques, un grand feu ; je regarde trop les infos).

Et on en est même pas à la moitié de cet album très riche et éclectique. Complètement possédé, McKoy évolue avec aisance entre des hymnes folk déchirants et émouvants comme sur “Story of a Child”, l’ennuyeux “Feel”, ou le splendide “My Den Is Yours” et des morceaux plus expérimentaux comme “Spaceland” (sur celle-ci j’ai une métaphore à base de temple inca, et il y a encore des sacrifices de cochons au programme), que j’ai trouvé plutôt angoissante et suffocante. Sur “Stars”, on a l’impression que McKoy va forcément exploser à un moment, mais ce moment n’arrive jamais. Le magnétisme de sa voix est des plus impressionnants sur ce morceau, où il m’a carrément fait penser à Jim Morrison. “On the Road” est un des sommets du disque, et le titre que j’aurais choisi comme single : l’intensité ne retombe jamais le long des 4 minutes de ce morceau qui joue avec votre rythme cardiaque et vous retourne les tripes dans tous les sens. C’est foutrement beau.

Welcome Home est un album atypique et complexe, loin des schémas classiques de la folk, du rock ou de quoique ce soit. Carrément bizarre à la première écoute, il se révèle petit à petit et vous embarque avec lui dans un trip plus spirituel que purement psychédélique. Il se termine sur “Sad Eyes of War”, un morceau inquiétant qui conclue un impressionnant voyage dans l’univers d’un artiste dont j’ai vraiment, vraiment envie d’entendre plus. Un premier album solo magistral.


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