Pour tous ceux que l’eau intéresse ou passionne, le géographe David Blanchon, professeur à Paris X- Nanterre, et la cartographe Aurélie Boissière viennent de publier l’Atlas mondial de l’eau aux Editions Autrement.
David Blanchon a par ailleurs participé à la rédaction de l’Atlas des développements durables paru également aux éditions Autrement. L’eau n’est pas un sujet nouveau pour ce géographe puisque la thèse qu’il a soutenu en 2004 (avec Jean-Paul Bravard et Alain Dubresson), portait sur Le Partage des eaux. Une étude de l’espace hydraulique sud-africain. Notons qu’il a d’ailleurs obtenu le prix de la thèse de géographie décerné par le Comité national français de géographie. La société d’édition Karthala devrait publier cette thèse cette anné.
On connait les atlas de cette collection, richement illustrés et dotés de textes précis. Celui-ci ne fait pas exception…
Tous les thèmes essentiels à une bonne connaissance et compréhension des enjeux de l’eau y sont abordés : présentation de la ressource, de la façon dont l’homme l’utilise, des risques qui la menace, des enjeux sociaux qu’elle pose et des défis que représente sa gestion pour l’avenir…
On trouvera un bon résumé de l’ouvrage sur Clionaute, mais voici quelques éléments glanés de ci de là dans son ouvrage, qu’il nous semble important de souligner, avant de courir acheter le livre :
• Cette citation de Nelson Mandela, dans l’introduction : « Parmi tout ce que j’ai appris en tant que dirigeant politique, il y a le rôle central de l’eau dans les domaines sociaux, politiques et économiques de notre pays, de ce continent et du monde » (Ouverture du Sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg, le 28 août 2002).
• Le rappel que « le problème de l’eau sur notre planète n’est pas tant celui de la quantité globale disponible que son inégale répartition géographique et sociale ». Mais « la richesse en eau ne fait pas la richesse des nations : certains Etats qui sont parmi les mieux dotés naturellement figurent parmi les plus pauvres. D’autres régions, pourtant peu dotées, sont au contraire des économies florissantes. »
• Le fait que les prélèvements et la consommation d’eau ont été multipliés par cinq au XXe siècle.
• La crise de l’eau ou la dégradation de sa qualité ne sont pas inéluctables. La gestion de la ressource est la principale responsable, comme le montrent les exemples de la mer d’Aral ou du Colorado. La salinité, excessive, des eaux destinées au Mexique aurait sans doute été à l’origine d’atteintes environnementales similaires à celles qu’a connues la mer d’Aral. L’aménagement d’une usine de désalinisation à la frontière américano-mexicaine a permis d’éviter un tel scénario.
• En ce qui concerne les guerres de l’eau, en réalité l’eau est plutôt un révélateur qu’une cause des guerres. Elle est essentiellement instrumentalisée dans les négociations internationales.
• « La transposition de principes généraux en actions politiques est menée par des organismes internationaux traitant des diverses facettes des politiques de l’eau. Certains sont des institutions internationales, comme la Banque mondiale, active dans l’évaluation économique et le financement des projets hydrauliques, ou lr Programme hydrologique international de l’UNESCO, qui organise des conférences traditionnellement centrées sur l’hydraulique, mais aussi actuellement sur la gestion de l’eau. »
• Dans les pays en développement, la difficulté est de concilier l’investissement dans les services d’eau et l’accès aux plus pauvres : le principe de « l’eau paye l’eau » est du coup difficilement réalisable. L’auteur présente une solution, celle de Johannesburg, ou a été mise en place une « gestion sociale de l’eau ». L’eau est gratuite jusqu’à 6 litres par personne et par jour, et son prix augmente ensuite avec la quantité utilisée.
• Il faut s’attendre dans le futur à une « révolution bleue » grâce aux progrès de l’agriculture. Mais il faudra investir, promouvoir de nouvelles cultures et changer les méthodes agricoles ainsi que l’Inde semble t-il a su le faire
• « La consommation d’eau dans les villes européennes devrait continuer à baisser pour atteindre environ 60 m3 par habitant et par an. Dans le même temps, celle de grandes villes africaines comme Nairobi, partant certes d’un niveau très bas, pourrait doubler ». Parmi les solutions innovantes pour réduire « l’empreinte hydrologique » des grandes villes, l’auteur cite les solutions d’avenir, comme la réutilisation des eaux usées.