Le chat échaudé vit dans la crainte de la douche, de la chute, de la faim, de la soif, de la blessure, de la chaleur, du froid, du chat de la voisine, du chien du voisin, des enfants de la tante, du balai de la gardienne, de l'aspirateur du pape, du beurre de la crémière, des pierres qui roulent, de la comète de Haley, et que sais je encore.
Il vit dans la crainte, par anticipation, de ce qui pourrait éventuellement se passer, ayant tiré ses conclusions du souvenir d'un échec passé.
Ainsi, le chat échaudé, se prive volontairement de l'espoir que les choses peuvent se passer différemment.
Il se prive d'espoir tout court.
Il vit non pas dans la prudence, mais dans la retenue.
Il vit sa vie à moitié.
Pire encore, le chat échaudé garde avec lui dans le présent et pour le futur, les traces du passé. Constamment.
Le chat échaudé n'est qu'un pauvre chat.
Qui ne grimpera plus sur un arbre, qui ne chipera plus le poulet de la gardienne, qui n'escaladera plus la cage aux oiseaux, qui ne lézardera plus dans la baignoire au soleil, qui ne tentera plus le triple looping au dessus du chien du voisin, qui ne jouera plus avec l'aspirateur du pape.
Le chat échaudé ne laisse plus de place à ses plaisirs de chat.
Le chat échaudé n'a pas compris le sens de sa vie de chat.
Le chat échaudé craint non pas l'eau froide, il craint désormais le plaisir.
Je refuse d'être un chat échaudé.
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