Mussolini venait d’être exécuté le 28 avril et on l’exhibait, pendu a un crochet de boucher, sur la place publique.
Le 29 avril, les troupes américaines libèrent 32 000 prisonniers du camp de Dachau (Bavière). Ouvert par le chef des SS Himmler en 1933, c’était le 1er camp de concentration allemand. Entre 1933 et 1945, plus de 200 000 personnes y seront déportées et les documents allemands attestent la mort de 32 000 d’entre eux, bien que ce chiffre soit sans doute inférieur à la réalité. Aujourd’hui, Dachau abrite un musée et une chapelle du Souvenir.
Ce même jour, en France, tandis que la guerre contre l’Allemagne touche à sa fin, les élections municipales donnent l’occasion aux Françaises de voter pour la première fois de leur Histoire. C’est de Gaulle qui a enfin ouvert la porte !
Joseph Goebbels, numéro deux du régime, fera la même chose, avec sa femme qui avait empoisonné auparavant leurs six enfants, un jour plus tard.
L’appréciation du temps n’est pas la même dans “sa glace” ou quand on pense “histoire” des hommes.
Le lilas, lui, a décidé de refleurir…
O mois des floraisons mois des métamorphoses
Mai qui fut sans nuage et Juin poignardé
Je n’oublierai jamais les lilas ni les roses
Ni ceux que le printemps dans les plis a gardés
Je n’oublierai jamais l’illusion tragique
Le cortège les cris la foule et le soleil
Les chars chargés d’amour les dons de la Belgique
L’air qui tremble et la route à ce bourdon d’abeilles
Le triomphe imprudent qui prime la querelle
Le sang que préfigure en carmin le baiser
Et ceux qui vont mourir debout dans les tourelles
Entourés de lilas par un peuple grisé
Je n’oublierai jamais les jardins de la France
Semblables aux missels des siècles disparus
Ni le trouble des soirs l’énigme du silence
Les roses tout le long du chemin parcouru
Le démenti des fleurs au vent de la panique
Aux soldats qui passaient sur l’aile de la peur
Aux vélos délirants aux canons ironiques
Au pitoyable accoutrement des faux campeurs
Mais je ne sais pourquoi ce tourbillon d’images
Me ramène toujours au même point d’arrêt
A Sainte-Marthe Un général De noirs ramages
Une villa normande au bord de la forêt
Tout se tait L’ennemi dans l’ombre se repose
On nous a dit ce soir que Paris s’est rendu
Je n’oublierai jamais les lilas ni les roses
Et ni les deux amours que nous avons perdus
Bouquets du premier jour lilas lilas des Flandres
Douceur de l’ombre dont la mort farde les joues
Et vous bouquets de la retraite roses tendres
Couleur de l’incendie au loin roses d’Anjou
(Le Crève-coeur , 1941)
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