La redistribution de l'impôt : m'est revenu en mémoire un article écrit par Laurent Mauduit de Mediapart en juin 2008. Il y rappelait que depuis les années 1980, l'antifiscalisme fait des ravages en France. « Sous la droite comme sous la gauche, écrivait-il, le moins d'impôt est devenu la pierre angulaire de toutes les politiques fiscales. Au point que le système français des prélèvements obligatoires est devenu au fil des ans un champ de ruines sur lequel ont fleuri, comme du chiendent, inégalités et passe-droits. »
Préconisant une révolution fiscale que personne n'a le courage d'engager (surtout pas Nicolas Sarkozy) Laurent Mauduit citait des rapports de la Cour des comptes : « pour les seules années 2005, 2006 et 2007, les impôts d'Etat ont été réduits au total de 22 milliards d'euros. A coups successifs de baisse de l'impôt sur le revenu, de détaxation des droits de successions, de plafonnement de l'impôt de solidarité sur la fortune et autres dispositions diverses pour l'essentiel à l'avantage des hauts ou des très hauts revenus, les allègements ont donc atteint près de la moitié des déficits publics français en 2007 soit 50,6 milliards d'euros. » Le déficit dépasse, cette année, les 100 milliards d'euros.
Laurent Mauduit n'est tendre ni avec la Droite ni avec la Gauche. Il leur reproche des mesures d'allègement encore dans toutes les mémoires : abaissement de la TVA (et ça continue) réduction de l'impôt sur les sociétés, démantèlement de la fiscalité de l'épargne, abattements à n'en plus finir. « La légitimité de l'impôt, qui a longtemps été au cœur du pacte républicain, s'est érodée. L'antifiscalisme était dans le passé le monopole des courants populistes. Il a maintenant et depuis longtemps contaminé la Droite et assez largement les cercles dirigeants de la Gauche. »…« L'impôt progressif sur le revenu est devenu dégressif ! Cet impôt qui est l'impôt citoyen par excellence a progressivement perdu son âme. Car non seulement les baisses d'impôts se sont multipliées mais par surcroît, elles sont intervenues au détriment d'un autre vieux principe républicain, celui de l'égalité devant l'impôt. »
Et c'est, bien sûr, là que le bât blesse à Louviers. Il n'y a aucune égalité devant l'impôt local. Les bases locatives sont fantaisistes, les prélèvements du Trésor public sont proportionnelles aux bases, pas au travail fourni par les employés des finances, le classement de certains quartiers est ubuesque et on voudrait nous faire croire que lutter contre des augmentations d'impôts dans ces conditions c'est être d'extrême-droite ! Poujadiste ! La majorité municipale peut argumenter sur notre piètre niveau. Il sera toujours supérieur à celui qu'engendrent l'inégalité et l'injustice !