Toutes les heures, nous sommes informés de l'avancée de la grippe porcine dans le monde, comme si c'était la guerre. Risque de pandémie. Angoisse des
scientifiques, des laboratoires pharmaceutiques, des populations qui portent des masques aussi ridicules qu'inefficaces... Et on apprend dans le même temps que sept décès seulement au Mexique sont
imputables au H1N1. Interrogé par David Pujadas, un éminent professeur de médecine déclare que ledit virus serait plutôt bénin. Alors je me demande si les médias n'organisent pas une grande peur
pour faire de l'audience. Le terme "pandémie", déjà, me semble excessif. La grippe espagnole de 1918 décima plusieurs millions de personnes. C'était une pandémie. Mais là, franchement ! Après la
maladie de la vache folle, la tremblante du mouton, la grippe aviaire dont l'apparition allaient jeter bas le quart de l'humanité, c'est maintenant le cochon qui pointe son groin enchifrené. Je
rigole. D'autant que ce matin au réveil, je me suis senti fort enrhumé avec des râles dans la gorge. Ayant beaucoup d'accointances avec les porcs, animaux réprouvés que nous sommes eux et moi, nul
doute que je l'ai attrapé ce foutu H1N1. D'ailleurs, en me regardant dans la glace, j'ai observé que ma peau s'épaississait et que des poils soyeux me poussaient aux commissures. J'ai
immédiatement pensé à ce pauvre Grégoire Samsa dont Kafka a tiré La métamorphose. Ce soir, le virus s'étant propagé dans tout mon organisme, je grognerai et chercherai un coin de boue pour m'y
rouler. Mais je vous rassure. Je serai un bon cochon et ne vous contaminerai point. Vous aurez ainsi tout loisir pour inventer des fantasmes plus réjouissants.