Editions Arléa, 2005
De Marie Sizun, je vous avais fait partager mes coeurs de coeur La femme de l'allemand et Jeux croisés ; voici son premier roman qu'elle a publié à 65 ans après une carrière d'enseignante de lettres classiques.
Alors que La femme de l'allemand et Jeux croisés sont centrés sur la figure de la mère, ce premier roman est centré sur la figure paternelle vue par le regard d'une enfant.
Il s'agit de l'histoire touchante d'une "petite" qui, à la Libération, en 1944, voit revenir un père qu'elle ne connaît pas. Réfugiée dans le cocon maternel protecteur, elle refuse dans un premier temps ce père qu'elle ne connaît pas. D'ailleurs, qu'est-ce qu'un père ? Il représente l'autorité méconnue jusqu'alors, elle qui écrivait sur les murs et hurlait dans la maison... Lorsqu'il revient, c'est pour instaurerUne autorité que l'on rejette, dont au a peur, que l'on rejette puis que l'on finit par admirer, quitte à moins respecter et aimer la mère.
Vient se greffer dans cette famille un secret inavouable partagé par la grand-mère et la mère, que la petite soupçonne, au point de le dévoiler à son père...
Marie Sizun décrit admirablement la perception de l'enfant, qui passe d'abord par les sens : l'odeur de la mère, les mains aux tâches de rousseur de son père. Tout est vu, décrypté, pensé à travers les yeux d'une enfant qui ne comprend pas tous les enjeux des adultes. L'écrivain prend le temps de décrire chaque personnage, physiquement, sensitivement et psychologiquement.
Une histoire universelle, sur le retour des pères après la guerre mais aussi et surtout sur les rapports père/fille.
Comme à son habitude, Marie Sizun nous livre une écriture sobre et pudique qui perce la vérité du sentiment.