Effrayant ! Une épidémie - au départ strictement locale – qui prend d’inquiétantes proportions au niveau international. Pour l’instant, le mot de «pandémie» n’est pas encore utilisé, sauf à titre de crainte… Il n’empêche que l’OMS – qui prévient que le virus de la grippe porcine a «clairement un potentiel pandémique» - vient de passer au stade 4 des mesures de précaution et le stade 5 (sur 6) devrait rapidement être atteint. C’est dire la gravité de la situation…
Conséquence sans doute logique de la banalisation des voyages à l’étranger. Tous les continents semblent aujourd’hui touchés, sauf – jusqu’à plus ample informé – l’Afrique. Résurgences de la peste qui dévasta l’Europe au Moyen-Âge et bien longtemps après… Les épidémies suivent la route des marchands et des transports.
Depuis les premières alertes, le nombre de morts au Mexique – premier foyer – ne cesse de croître d’une manière qui semble quasi exponantielle. Le plus inquiétant étant que ceux-ci n’appartiennent pas aux populations considérées comme «à risque», telles les personnes âgées mais tout au contraire des sujets jeunes, dont les défenses immunitaires sont a priori plus efficaces.
Il faut cependant rassurer tout le monde : elle ne se transmet heureusement pas en consommant de la viande de porc… D’autant qu’on la mange en général bien cuite : la chaleur tue les virus… N’en déplaise à certains musulmans dont les commentaires lus sur un excellent blog médical de Libération Quand H1N1 prend le porc en grippe laissent pantoise quant au niveau de réflexion… J’avais noté à peu près la même stupidité concernant la consommation de viande de bœuf de la part des Hindouistes au moment de l’épidémie de «vache folle»…
A ce compte-là, seuls les végétariens tireraient leur épingle du jeu… Mais pas de chance en ce qui concerne cette nouvelle pandémie : outre la contamination directe par des animaux malades, elle se transmettrait d’homme à homme par voie aérienne comme n’importe quelle grippe… D’ailleurs, contrairement à la grippe aviaire (H5N1) le virus en cause – A/H1N1 – est exactement du même type que celui de nos grippes même si les deux virus sont en principe différents.
Mais comme chacun sait, le virus de la grippe est en perpétuelle mutation ce qui explique que le vaccin ne protège efficacement que s’il s’agit exactement de la même souche et qu’il doive lui-même être perpétuellement réadapté à chaque variation. Les virus grippaux évoluent et mutent selon deux mécanismes : les mutations (glissements antigéniques ou drift) ou recombinaison antigéniques (shift). Je ne veux pas entrer dans les détails et recommande l’article «grippe» de Wikipedia - très complet aussi bien sur le plan historique que scientifique…
Je ne suis en rien spécialiste es virologie mais je suis toutefois inquiète depuis plusieurs années de voir combien des virus qui affectent en principe des animaux – grippe aviaire ou porcine, SRAS – se diffusent rapidement dans des aires géographiques étendues et affectent les humains.
Les mutations sont elles-mêmes fort inquiétantes. Et tout particulièrement la «recombinaison»… L’illustration montre combien la combinaison entre le virus de la grippe aviaire – hautement pathogène pour l’homme – associé au virus de la grippe humaine transmissible entre humains donne un virus recombiné, hautement pathogène et transmissible entre humains. Je n’ai pour l’instant rien lu qui permette de savoir si l’extrême virulence du virus de la grippe porcine qui sévit actuellement est due à un glissement antigénique ou une recombinaison.
En revanche, selon un article du Monde, Alerte mondiale contre un nouveau virus grippal les analyses effectuées par le Centre de contrôle des maladies (CDC) d’Atlanta «la souche californienne comportait des fragments génétiques de virus grippaux humains, aviaires et porcins». La totale ! quoi.
«Une combinaison inédite (…) qui pourrait avoir été favorisée par son origine porcine : “Le porc est un des rares animaux pouvant héberger des virus grippaux d’origine diverses, indique M. Vallat. Cela peut autoriser des recombinaisons virales qui pourraient s’attaquer à des populations naïves.”… Tout cela n’est guère rassurant.
Nous savons depuis la crise de la «vache folle» qu’un agent pathogène tel que le «prion» - particule protéique infectieuse – peut, dans certaines circonstances franchir la «barrière des espèces» que l’on pensait jusqu’alors relativement étanche. A ma connaissance, la «tremblante du mouton» était une maladie circonscrite aux ovins et quelques autres animaux qui n’avait jamais été transmise à l’homme, alors que sa découverte remonte à 1732…
Il aura suffi que des imbéciles qui n’avaient en vue que le profit maximum imaginassent de donner des farines animales à des vaches – des herbivores ! - espérant ainsi obtenir plus rapidement, plus facilement et à moindres frais des bêtes de boucherie plus grosses. Je n’ai jamais pu éclaircir ce point mais cela fait longtemps que je me demande si la particularité de l’estomac des bovins – 4 poches – n’aurait pas pu jouer un rôle dans la transmission du prion à l’homme.
De même le SRAS, responsable d’une grave épidémie mondiale – 8.000 cas et 800 morts - survenue entre 2002 – premiers cas en Chine – et 2003… L’agent pathogène est un coronavirus jusque là inconnu. Il a été démontré que «l’hôte» serait une civette, petit mammifère apprécié par les amateurs de gibier chinois.
Comment ne pas être inquiet également quand on lit dernièrement cette info sur le blog «Les mots ont un sens» : Des virus de grippe humaine et aviaire mélangés par erreur : Oups… ? Je ne voudrais pas ajouter de la peur à la peur mais il suffit de penser à l’usage criminel – guerre bactériologique – que pourraient faire certains Etats ou mouvement terroristes de telles manipulations.
Quant à l’hypothèse – avancée par certains – que des laboratoires produisant des antiviraux pourraient eux-mêmes introduire des virus aussi pathogènes pour écouler leurs stocks, elle me paraît absolument aussi fantaisiste que fantasmatique et relever d’une «théorie du complot» toujours prête à ressurgir à la moindre occasion. Stop les délires !
J’avais écrit ces dernières lignes bien avant de lire un article du Monde… Grippe porcine : panique et conspiration vont bon train sur Internet qui donne la pleine mesure des hypothèses les plus folles… ce qui ne peut que conforter mon jugement sur la tendance actuelle à la théorie du complot et l’imagination comme «folle du logis»… Il faut toujours savoir raison garder. Je me demande si trop d’informations – souvent mal comprises - ou pas assez n’ont pas finalement le même résultat.
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt un article de Libération Virus où l’auteur fait le parallèle avec la crise financière : «La mondialisation des échanges n’arrête ni les hommes, ni les flux financiers, ni les virus». C’est la dure loi de la globalisation libérale et j’avais déjà fait un tel rapprochement s’agissant du lait chinois «enrichi» à la mélamine…
A priori destiné au marché intérieur chinois et au départ circonscrit aux laits pour bébés, il est très vite apparu que tous les laits étaient concernés et ensuite tous les produits contenant du lait, de même que la découverte des laits et produits dérivés exportés à quasi l’ensemble des pays de la planète a ressemblé à une traînée de poudre… Une fois que la mèche est allumée, difficile de retenir l’explosion : aux abris !
Certains se demandent pourquoi le virus de la grippe porcine tue tellement au Mexique alors qu’en Californie les personnes contaminées ont pu être traitées. Il resterait à déterminer s’il s’agit exactement du même virus et d’autre part, est-on certain que les malades mexicains ont reçu les mêmes soins dans les mêmes conditions ?
D’après ce que je lis dans Le Monde Au Mexique, l’origine de l’épidémie demeure mystérieuse Il faudrait incriminer les scandaleuses conditions d’élevage des porcs dans l’Etat de Veracruz et notamment la vallée de Perote, dominée par l’entreprise Granjas Carroll, qui y élève chaque année 950 000 pourceaux.Il s’agit d’une filiale (à capitaux américains et mexicains) de Smithfield Foods, le plus gros producteur mondial de porc, sanctionné jadis aux Etats-Unis pour pollution de l’environnement.
Tout est dit ! C’est beau comme la mondialisation : les pays développés exportent leurs risques sanitaires dans les pays moins développés.
«Les trois mille habitants de La Gloria, qui n’ont d’autre source d’emploi que les porcheries, se sont plaints tout le mois de mars d’une épidémie galopante de pneumonie et autres maladies infectieuses, attribuées aux millions de mouches que nourrissent les charognes de porc pourrissant à l’air libre. Sans que les autorités de Veracruz s’en émeuvent. Plusieurs protestataires sont en revanche inculpés».
Roselyne Bachelot, ministre de la santé, recommande tout à la fois d’être vigilant et de ne pas s’alarmer… Je me demande toutefois si elle est crédible quand elle prétend que la France serait prête à affronter une pandémie de grippe porcine ou toute autre pandémie virale.
Tout simplement parce qu’à force de «casser» l’hôpital public (et tout autant d’ailleurs nombre d’établissements privés) en fermant des hôpitaux ou des services, en réduisant les effectifs médicaux et para-médicaux comme c’est le cas depuis une quinzaine d’années, le système de santé ne semble plus capable d’assurer les missions de service public sanitaire dans des conditions dignes à la fois du XXIe siècle et des impératifs de santé publique.
Il suffit de voir à l’occasion des épidémies de grippe saisonnières habituelles ou d’un accroissement significatif de bronchiolites du nourrisson comment ni les urgences – encombrées souventes fois par des cas bénins du fait surtout de la disparition des médecins «de garde» ! la nuit et les jours fériés – ni les services médicaux ne peuvent accueillir les patients.
Par quel miracle y aurait-il de la place et du personnel en nombre suffisant pour traiter dans les meilleures conditions un grand nombre de malades si une pandémie survenait ?
Disposer de suffisamment de doses de Tamiflu – antiviral qui serait efficace contre la grippe porcine – n’est pas une condition suffisante en soi pour faire face à l’épidémie dans la mesure où d’après ce qui se passe au Mexique les symptômes peuvent être suffisamment graves pour exiger une surveillance rapprochée voire la mise en œuvre d’une réanimation respiratoire.
Quid également des cas suspects – une vingtaine à ce jour - survenus en France ?
Jusqu’à présent on a tenté de nous rassurer : il ne s’agirait que d’une grippe banale. Acceptons en l’augure mais il est quand même relativement curieux qu’un grand nombre de voyageurs présente au même moment un syndrome grippal à une époque de l’année où cela n’est pas habituel.
Tout le monde connaît peu ou prou les symptômes de la grippe : fièvre à 38°5 - parfois nettement plus - courbatures, écoulement nasal, toux, yeux qui pleurent, toux, gorge fortement irritée, etc… On constate assez fréquemment un «V» grippal : la fièvre montant très vite et redescendant aussi vite pour remonter dans les heures qui suivent.
Depuis que je ne travaille plus je n’ai pas consulté le médecin pour une grippe… J’utilise en général l’homéopathie qui marche fort bien. Sans céder le moins du monde à la panique, je crois que si j’en présente prochainement les signes cliniques j’irais consulter. Je ne voudrais pas crever bêtement avant même mon 62e anniversaire !
Il restera une épineuse question pour les malades : les médecins faisant de moins en moins de visites à domicile, sera-t-il raisonnable que les personnes atteintes soient obligées de sortir de chez elles, au risque tant d’avoir un malaise que d’en contaminer d’autres ?