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Les silences de Tristram Shandy

Par Perce-Neige
Les silences de Tristram ShandyLa littérature comme digression d’un discours plus sérieux, plus profond, pour éviter de dire l’essentiel, peut-être. Pour éviter le silence, même, parfois… Sauf que nous finissons par y croire, par ne plus voir que l’accessoire, la parure du printemps, les couleurs qui brillent, on connaît ça ! Laurence Sterne, lui-même, érigeant les digressions en système, dans un des romans les plus prodigieux (surprenants) de toute l’histoire littéraire, sans doute (« La vie et les opinions de Tristram Shandy » traduction de Guy Jouvet ; Ed. Tristam), écrivait ceci :« Les digressions, sans conteste possible, les digressions sont la Lumière : leur Soleil illumine nos lignes ;--------- elles sont la vie et l'âme de la lecture ;---------retirez-les par exemple de ce livre,---------autant vaudrait mettre le livre au rebut avec elles ;---------le froid d'un éternel hiver régnerait à chaque page; restituez-les à l'auteur :--------- il s'avance avec l'entrain d'un nouveau marié, vous ouvre les bras, met tout son monde à l'aise, se conjouit avec tous, introduit de la variété dans tout, vous rouvre un appétit qui s'émousse. Tout l'art, dans les digressions, est de savoir d'abord les accommoder et d'en user ensuite avec doigté, afin que les lecteurs en fassent tout leur profit ; les lecteurs ? mais aussi les auteurs, les auteurs, dont l'embarras dans la matière est d'ordinaire positivement affligeant : se lancent-ils dans une digression?---------aussitôt, je le vois d'ici, c'est l'ouvrage entier qui tousse et s'arrête ;---------donnent-ils l'impulsion au corps principal de l'ouvrage ?---------alors, c'en est fini de la digression. »

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