Le combiné reste sur le téléphone. Elle ne répondra plus.
Ce n’est pas télé déprime mais plutôt radio déprime. La papesse des auditeurs déprimés, s’est éteinte.
Jetée par France Inter en 2006, elle y animait avec conviction Allô Macha, et il faut rendre hommage à la pertinence de ce moment de radio.
En 1977, quand tu appelais Macha, c’est que ça n’allait vraiment pas… Ce n’était pas pour un litige avec le chauffagiste qui t’as couillonné sur l’installation d’une chaudière comme chez Julien Courbet. Non, là c’était pour parler de vrais problèmes de société, de sujets tabous pour l’époque. Macha c’était comme une épaule confortable dans la nuit. Comme une serveuse d’un bar où l’on venait confier ses soucis entre deux verres. Comme ta meilleure amie avec qui tu partageais des secrets inavouables. C’était une belle oreille et la voix mi-chaude, mi-chatte de Macha Béranger a répondu à des milliers de personnes : même ma tante, qui, selon la légende, aurait été sauvée du suicide par La Voix de la nuit. Des milliers d’appels. Des milliers de conseils. Pour toute étude sociologique de la France et de l’évolution de ses mœurs dans les années 80-90 et même 2000, faites une demande aux archives de France Inter : c’est une mine d’or ! On devrait inscrire les bandes magnétiques d’Allô Macha au patrimoine de notre pays. Macha Béranger s’en est allé et c’est finalement une certaine idée de service publique qui a disparu avec elle.