Je souhaite partager avec mes lecteurs certains éléments économiques de mon statut d’auteur (deux livres éditions
Odile Jacob, avril 2006 et octobre 2007), notamment en regard de la « rémunération pour copie privée numérique du livre » (application de la
loi du 17 juin 2001).
Car, pour la première fois, je viens de recevoir un chèque de 37,82€ sur le sujet, couvrant la période du 1er septembre 2003 au 31 décembre 2007 (soit vingt mois en ce qui me
concerne ; ce qui fait une somme annuelle pour moi de 22,7€ !). Entendons-nous bien, je ne suis pas en train de dire que je devrais toucher plus, mais bien au contraire que cette
« taxe » me semble avoir un intérêt limité, servant surtout à faire vivre un circuit administratif.
La taxe est prélevée à l’achat de tous CD, clefs USB,…quand vous achetez un tel appareil
« numérique », vous payez cette taxe. Le lien entre le livre et la clef USB ou le CD-R est ténu. Il existe peu de livres dans la production littéraire courante qui ont l’honneur d’être
en partie scannés par des particuliers et mis sur leurs clefs USB. Après renseignements pris à la SOFIA, il pourrait s’agir d’extraits de manuels scolaires distribués numériquement en classe, ou
de recettes de cuisine extraites de guides pratiques partagées dans des associations. Toujours selon la SOFIA, la taxe avait été votée en 2001 pour les auteurs de musique et de cinéma (piratage),
et par souci d’équité étendue aux écrivains. Toujours-est –il que le bien-fondé de cette taxe pour les auteurs de l’écrit ne me paraît pas évidente, et je trouve le circuit lourd pour pas
grand’chose.
Le total sur la période 2003-2007 (voir tableau Sofia, PDF mis en ligne
par moi) est de 577 000 euros, déduction faite d’un prélèvement de 25% affectés « à la création et aux actions de formation », et de 12% de frais de gestion de la Sofia. Si l’on
reconstitue le montant, c’est donc une taxe de 875 000 euros payée par le consommateur de CD et clefs USB (dont 78 000 euros vont à la Sofia et 123 000 euros à la
création).
La répartition aux auteurs se fait comme suit :
- 1) une part fixe liée à la rubrique dans laquelle vous êtes catalogué comme auteur (ex. je suis catalogué comme « histoire de l’art-généalogie » suite à une erreur d’inscription au « fichier national du livre ») : je touche une part fixe de 32,89 euros.
- 2) une part variable par ouvrage : pour ma part un livre dans la catégorie ci-dessus + un livre dans la catégorie sciences, soit 5,20 + 2,94. Total fixe + variable 41,03 euros moins les charges sociales, résultat 37,82 euros.
On notera que la répartition entre auteurs se fait uniquement suivant rubriques Médiamétrie (on considère que 9,3% des livres achetés en général sont des livres Sciences-techniques-médecine) et au nombre de livres écrits. Aucune rémunération n’est liée à la diffusion effective du livre.
Accessoirement, j’ai noté aussi un ratio qui m’étonne, c’est celui du nombre d’ouvrages par auteur, diviser les deux colonnes correspondantes : 24 livres en moyenne par auteur dans la catégorie romans, 32 en bandes dessinées, 20 en guide pratique, 33 en poésie, 16 en sciences,…Quand on sait qu’un livre pet avoir plusieurs auteurs, ces ratios augmentent encore. Il ya donc des auteurs très très prolixes ! Comme disait Romain Gary, tant qu’on ne remplit pas une étagère de ses propres livres, on n’est pas écrivain !