Parti Socialiste : François Hollande «s’la pète grave» et manque de… lucidité

Publié le 28 avril 2009 par Kamizole

Ridicule ! C’est évidemment secret de Polichinelle qu’avant 2007 François Hollande avait l’ambition d’être le candidat des socialistes à la présidentielle et qu’en conséquence la candidature de Ségolène Royal – sa compagne d’alors – lui est plus que restée en travers de la gorge, ce qui explique par ailleurs le peu d’enthousiasme pour mobiliser l’appareil du parti et les «zéléfans»

J’ai bien entendu affiché l’article de 20 minutes quand j’en ai lu le titre sur «20 minutes» : François Hollande :«Il manque un leader naturel» au PS, pensant bien qu’il se verrait tout à fait dans ce rôle ! J’y ai découvert qu’il manquait cruellement d’élégance à l’égard de Ségolène Royal, jugeant sa candidature en 2007 «peu lucide» ! Elle-même et tout autant les militants qui avaient voté pour elle apprécieront le procédé…

A défaut d’avoir voulu se succéder à lui-même en tant que Premier secrétaire du PS, François Hollande s’est mis en quelque sorte en «réserve»… de la République ?

Il semble adopter la même stratégie - férocement - critique que Lionel Jospin… tant à l’égard du Parti Socialiste qu’envers Ségolène Royal. Une sorte de sous-«statue du Commandeur» prête à ressurgir au moment opportun pour être plébiscitée comme l’homme providentiel en… 2012 !

Les critiques à l’égard de l’actuelle direction du P.S. ne manquent pas. Qu’elles soient justifiées me paraît évident.

Il manquerait, selon François Hollande, «un leader naturel» mais, ajoute-t-il : «ça se fabrique, ça se forge, ça se démontre»…Je ne partage pas cette manière de voir. Qu’il n’y ait pas de personnalité suffisamment forte, charismatique et donc susceptible de rassembler le P.S. sur son nom comme naguère François Mitterrand, est une évidence.

Mais de là à penser qu’on peut la «fabriquer» rien n’est moins sûr ! Il faut qu’une telle personnalité émerge le plus naturellement possible au-dessus du lot. Comment d’ailleurs parler tout à la fois d’un leader «naturel» pour ensuite prétendre «qu’il se fabrique» ? N’a-t-il -pas conscience de l’antinomie de ces deux propositions ?

Sinon, ce serait du domaine de la manipulation – les médias y excellent - et ce genre de «marionnette» finit toujours par donner la pleine mesure de ses insuffisances. Il suffit de penser à Nicolas Sarkozy !

Je suis d’ailleurs sur le cul en lisant dernièrement sur 20 minutes Nicolas Sarkozy réélu ? que selon un récent sondage il l’emporterait encore devant Ségolène Royal… Alors même que selon la grande majorité des sondages entre 45 % et plus de 55 % des Français sont mécontents de la politique de Nicolas Sarkozy. C’est à rien n’y comprendre, du n’importe quoi… Les Français seraient-ils cons à un si haut point ?

François Hollande constate que le Parti Socialiste n’est pas uni… Beau truisme ! Mais l’a-t-il été un jour ? Trop d’ambitions, «d’écuries de présidentiables» ou qui, bien plutôt, se considèrent potentiellement comme tels et se conduisent de même.

Cela n’est pas nouveau et les choses seraient sans doute fort différentes si François Mitterrand avait su en son temps désigner un successeur qui fasse l’unanimité, tant au sein du P.S. que parmi l’électorat de gauche et la population en général. Cela s’est très certainement joué en 1988.

François Hollande n’a-t-il pas une bonne part de responsabilité dans cette désunion ? Qu’a-t-il fait de 1997 à 2008 – comme premier secrétaire du P.S. - pour rassembler les socialistes, tant les militants que les «zéléfans» ? Sans doute nettement moins despotique que ne semble l’être Martine Aubry, et voulant ménager la chèvre et le chou – les ambitions de tous et chacun, y compris les siennes ! – il a trop souvent donné l’impression de naviguer à courte vue tout en se laissant porter au fil de l’eau… éviter de faire des vagues.

Toutefois, je ne voudrais pas que l’on se méprenne : je sais gré à François Hollande d’avoir su redresser la barre après 2002 quand Lionel Jospin a déserté le navire, laissant le PS et les militants au milieu du gué. La large victoire des socialistes lors des élections régionales de 2004 doit être portée à son crédit.

Le P.S. manquerait en outre d’une pensée (unique ?) qui «correspondrait le mieux à la situation économique et sociale» et selon François Hollande, il ne s’agirait pas – c’est tellement évident ! – de se situer dans le registre de l’anti-sarkozysme mais «de dire : qui à la place et pour faire quoi» ?

Le passé encore récent me laisse tout à fait sceptique sur cette démarche. On a vu comment le programme adopté avant l’élection présidentielle et très certainement pas taillé à la mesure de Ségolène Royal qui ne pouvait s’en désolidariser était le fruit de compromis laborieux entre les différents courants et surtout les «présidentiables»… Là aussi, François Hollande porte une lourde responsabilité.

J’ai également le souvenir qu’entre 1995 et 1997 nous avions participé collectivement à l’élaboration d’un programme ambitieux. Je n’étais pas forcément d’accord avec tous les points. Certains relevaient du vœu pieux et/ou manquaient de réalisme. Mais c’est souvent la loi du genre, même si je pense que c’est regrettable car c’est oublier que la politique reste «l’art du possible» et qu’en outre, le réalisme bien compris commanderait de moins promettre mais de tenir tous ses engagements.

Ou comment apprendre à marcher en regardant où l’on met ses pieds pour éviter les embûches tout en sachant ne jamais perdre de vue l’idéal.

Or, si Lionel Jospin a trébuché en 2002, après 5 ans de législature socialiste, c’est précisément parce qu’il a trop souvent fait le contraire de ce qu’il avait promis sur la base du programme que nous avions élaboré – invoquant à chaque fois la situation…

Et qu’en outre, enfermé dans sa tour d’ivoire, il n’a jamais pris en compte les besoins réels de la population, a toujours été sourd et aveugle aux doléances que pourtant nous – les militants de base – entendions notamment sur les marchés.

Mais bernique ! pour qu’elles remontent… Je ne saurais dire comment cela se passait dans d’autres fédérations. Mais celles du Val d’Oise, sous la férule de Manuel Valls, était aussi sourde et aveugle. «Tout va très bien Madame la Marquise» ! Jusqu’au jour du «plantage»

A défaut de postuler dès aujourd’hui comme candidat à la présidentielle en 2012 mais sans toutefois écarter définitivement cette possibilité : «ça viendra… on verra… selon les circonstances» François Hollande se déclare «candidat à préparer ce projet collectif»

Compte-tenu du «flop» du précédent programme des socialistes élaboré du temps où il était encore premier secrétaire du P.S. je ne pense pas que François Hollande soit «the right man at the right place» pour pareille entreprise…

A franchement parler, si c’est encore un projet élaboré dans des cénacles bien loin des réalités du terrain et des militants de base, je ne pense pas qu’il sera meilleur. Il faut engager un travail de fond, une réflexion associant l’ensemble des militants et pas uniquement les «zéléfans» et autres «ténors». Quelque chose qui tienne aussi à la démarche «d’éducation populaire».

Enfin, François Hollande n’est guère charitable avec Ségolène Royal…

A la question de savoir comment devrait être choisi le/la futur(e) candidat(e) à l’élection présidentielle, François Hollande se déclare hostile à l’idée de «primaire» ouverte à tous. Il ne se prononce pas définitivement sur la question d’associer ou non les sympathisants.

En revanche, il laisse transparaître son hostilité à l’égard de son ancienne compagne : «Là, il aura sans doute un choix qui devra être plus lucide que pour la présidentielle de 2007»

Je trouve bien entendu cela du dernier mesquin, une sorte de coup de pied de l’âne. Je pense surtout que si les «zéléfans» - et leur chef en premier lieu - s’étaient vraiment mobilisés pour soutenir Ségolène Royal au lieu de traîner lamentablement les pieds comme ils nous en ont donné le triste spectacle, n’hésitant d’ailleurs pas à lui faire force croche-pattes au passage, nous n’aurions très certainement pas aujourd’hui un Nicolas Sarkozy à l’Elysée.

Quant à l’élection de 2012, qu’il me soit permis de dire que si François Hollande se croit un destin présidentiel, c’est tout à fait lui qui manque de lucidité !

Tant sur ses capacités à gouverner la «Maison France» - toujours le seuil d’incompétence du fameux «principe de Peter» - qu’à rassembler les militants et sympathisants socialistes sur son nom et moins encore incarner aux yeux d’une majorité des électeurs français le chef charismatique qu’il dit appeler de ses vœux.

François Hollande qui n’avait guère ménagé ses critiques contre Ségolène Royal lorsqu’elle s’était rapprochée de François Bayrou entre les deux tours en 2007, vient d’essuyer un «flop» retentissant en essayant de trouver un terrain d’entente avec le chef du Modem.

François Bayrou – qui lui aussi se croit un destin présidentiel – l’a poliment renvoyé dans les cordes. Sans pour autant fermer définitivement la porte. Sans doute car il espère devancer le/la candidat(e) socialiste au premier tour de l’élection présidentielle… Là aussi, je pense qu’il rêve debout. Même s’il espère, semble-t-il, rallier Dominique de Villepin… Sur le plan des mathématiques électorales, il s’en faudrait beaucoup à mon avis pour que «ça le fasse» !

Le moins que l’on puisse dire est que l’initiative de François Hollande en direction de Bayrou est loin d’avoir fait l’unanimité au sein de l’Etat-Major du Parti Socialiste et des partisans de Martine Aubry, au point que Libé a pu titrer Hollande dégaine Bayrou pour flinguer Aubry ! Car paraît-il cela casserait la dynamique de la campagne électorale des élections européennes.

Ce que j’ai pu lire de pire dans l’article est malheureusement laissé dans l’anonymat : «cette sortie est un acte de sabotage délibéré et réfléchi, dénonce un membre de la direction. Au PS, le Modem est un bâton de merde, quand quelqu’un le laisse tomber, ça éclabousse tout le monde. Le problème c’est qu’il y a toujours quelqu’un pour le ramasser»… Parler comme Camabadélis de «pervers pépère» au sujet de François Hollande est une gentillesse à côté !

C’est insultant tout à la fois pour Ségolène Royal qui fut la seule à soutenir au Congrès de Reims la nécessité d’un rapprochement avec le Modem, pour François Bayrou, les militants, les sympathisants et les électeurs du Modem.

Je suis tout à fait indignée qu’un membre sans doute influent du Parti Socialiste puisse tenir de tels propos et – surtout – penser de la sorte…

Car, sans penser à la seule stratégie électorale - qui est toutefois un élément important qu’il ne faut pas négliger, étant bien connu qu’aucun parti ni de droite ni de gauche ne peut remporter une élection présidentielle en ne rassemblant que ses seules forces -

je sais pour lire certains blogs amis et pour en rencontrer également dans la «vraie vie», que j’ai parfois plus de convergences – surtout sur les questions de démocratie, de respect de la personne humaine et d’humanisme - avec certains militants du Modem que je n’en aurais jamais avec un tel individu !

A mon avis, pour tenir pareil discours, il doit forcément avoir un passé stalinien ou d’extrême-gauche pure et dure. «Classe contre classe». C’est avec pareille pensée psycho-rigide qu’on maintiendra le Parti Socialiste dans l’opposition au moins jusqu’en 2036 !