Magazine Culture

Une simple affaire de famille

Par Liliba

Rohinton MISTRY

affaire_famille

Présentation de l'éditeur

À travers le portrait pittoresque de la petite bourgeoisie parsie de Bombay, Mistry aborde, avec un regard tendre et humain, une réalité plus grave : celle du traditionalisme rigide et du fanatisme religieux. Comme dans ses précédents romans, l'auteur de L'Équilibre du monde met au service d'une vision sans complaisance de la société indienne son immense talent de conteur, son sens du cocasse et sa sympathie communicative pour des personnages naïfs, injustement malmenés par la vie.

Nariman a bientôt 80 ans et est atteint de Parkinson. Il vit à Bombay dans son grand appartement  qu'il partage avec son beau-fils et sa belle-fille, et leur cohabitation se passe sans trop de problèmes majeurs si ce n'est le ressentiment qu'ont vis à vis de lui Jal et Coomy. Mais quand il se casse la jambe à la suite d'une chute lors d'une promenade dans la rue, les choses se corsent et bientôt Coomy ne peut plus supporter la charge de la présence de son beau-père et le fait déménager d'office chez Roxana, la fille de Nariman, et Yezad, qui vivent avec leurs deux jeunes garçons dans un deux-pièces minuscule. Les soins à apporter au vieil homme et sa présence même au sein de l'appartement trop exigu vont bouleverser la vie familiale jusqu'alors tranquille et heureuse, de même que les rapports des membres de cette famille.

Au début du roman, je n'ai pas trop accroché à l'histoire et surtout au style de l'auteur, qui ne m'a pas emballé du tout. Puis je me suis laissée porter par cette famille dont le passé recèle nombre de secrets que nous découvrons au fil de la lecture, et dont les relations se compliquent en même temps que se dégrade la santé de Nariman. Chacun tente de supporter à sa façon la promiscuité, le manque cruel de moyens financiers, les mensonges et manoeuvres de Coomy et Jal pour ne pas récupérer dans leur appartement le vieil homme, tous sont face à leur devoir et à leur notion de l'honneur. Mais tout cela ne se fait pas sans heurts et crises et le couple souffre bientôt de la présence imposée, de même que les deux jeunes enfants qui sentent la tension monter entre leurs parents.

Nariman se montre cependant un malade exemplaire, gentil et reconnaissant et bien plus courageux qu'il ne l'a été au cours de sa vie faite de compromissions et d'abandons. Les petitesses des uns et des autres, notamment de Coomy et Jal sont parfois expliquées par le passé familial et les souffrances subies dans leur enfance, mais n'excusent en rien leur attitude dans une société où la place et le respect de la personne âgée tient une place si importante.

En outre, je suis absolument viscéralement et indécrotablement réfractaire à l'intégrisme et l'obscurantisme religieux, quelle que soit la religion, et j'ai suivi avec tristesse la transformation de Yezad, qui, d'un père et mari aimant, ouvert, cultivé et intelligent, devient au fil du temps et à cause de son retour vers la religion, un fanatique stupide et intransigeant (ce qui va ensemble, vous me direz !). Quand au personnage de Mr Kapour, le directeur du magasin dans lequel travaille Yezad, je l'ai trouvé totalement improbable, trop cultivé et rêveur, trop idéaliste pour être vrai, mais peut-être est-ce du à ma méconnaissance de ce pays...

En plus de l'histoire familiale, nous découvrons l'Inde et ses traditions, notamment celles de la caste des parsis à laquelle appartiennent les protagonistes de l'histoire. La ville de Bombay fait partie intégrante de l'histoire et explique nombre de réactions des personnages de ce roman, mais j'ai été cependant déçue car j'ai moins eu l'impression de plonger au coeur des traditions de ce pays passionnant qu'à la lecture du superbe roman de Amitav Gosh Le pays de marées (à lire absolument !) ou que du désormais très connu Les fabuleuses aventures d'un indien malchanceux qui devint milliardaire de Vikas Swarup (dont nombre de vous ont vu au cinéma la très belle adaptation Slumdog Millionnaire).

En conclusion, une lecture intéressante, qui ne m'a pas laissée indifférente du tout, un livre à découvrir !

Antigone l'a lu deux fois (et deux fois bien aimé) et Jules l'avait lu en 2006. 

Je remercie Blog-o-Book ainsi que les Editions du Livre de Poche de m'avoir fait parvenir ce livre.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Liliba 2705 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines