Daniel Humair : batterie
Bruno Chevillon : contrebasse
Tony Malaby : saxophone ténor
La photographie de Daniel Humair est l'oeuvre du Genevois Juan Carlos Hernandez.
Bruno Chevillon tapote les cordes de sa contrebasse avec un balai de batteur. Le saxophone grommelle. Daniel Humair trifouille sa batterie. C'est du chaos organisé. La musique se déploie.Gros son de contrebasse. La batterie décompose le tempo. Porté sur ce tapis, Tony Malaby déroule tranquille et féroce. Dialogue batterie/sax. Daniel Humair, 70 ans et toutes ses dents. La contrebasse entre dans la danse. Duo contrebasse/batterie : des années de complicité se dévoilent en quelques instants. Gros son. Ils s'amusent toujours autant ensemble. Cette musique jubile. Elle est jouissive et libre. Chevillon joue de l'amplification de sa contrebasse pour produire des sons inouïs. Il nous fait des effets de machine, d'avion avec l'archet sur les cordes électrifiées. Tony Malaby gonfle son ventre superbe et généreux pour jouer plus vite, plus haut, plus fort. Solo de Daniel Humair rapide, puissant, varié. Il se calme et Tony enchaîne tout en douceur. Une sorte de longue plainte aigüe s'élève du saxophone ténor. Même sur tempo lent, Humair est capable de fulgurances saisissantes. Solo de contrebasse tout en douceur, en finesse. Le sax enchaîne aérien. Ils finissent là. 40mn pour le premier morceau. Facile !
L'archet vrombit, inquiétant, sur la contrebasse. Beaucoup de claquements de bec au sax. La contrebasse sautille de joie. La batterie claque et cliquète. Le sax les rejoint. Ca enchaîne. Personne n'applaudit après les solos. Le public est aussi concentré que les musiciens. Humair allonge la sauce aux balais. Solo de sax aérien et charpenté, délicat. Ils repartent tous trois ensemble vers de nouveaux sommets d'envie et de puissance.Ca finit sur la ligne de basse et un dernier scintillement de cymbales.
PAUSE
Reprise avec un solo de contrebasse étrange, tout en haut de l'instrument. Les baguettes mitraillent. Jeu de sax très calme en opposition à la tension de la rythmique. Ils montent en puissance. Humair malaxe ses tambours. Le saxophone grince. La contrebasse monte, monte relayée par la batterie. Tout cesse pour un solo de sax aérien et grave. Par en dessous, Humair glisse des roulements de tambur, des tranches de cymbales. Le trio progresse, ouvre son chemin. Contrebasse lente, grave. Le maître des baguettes est derrière ses fournils. Le sax ondule comme un grand serpent lent. Fausse fin. Ca repart avec l'archet sur la contrebasse et les baguettes qui grincent sur une cymbale. Solo d'archet grinçant, mystérieux, vrombissant, ponctué de slaps puissants. Le sax fait la corne de brume, la contrebasse la sirène d'alarme. Humair, lui, fait le vent sur la Mer avec son outillage sur la batterie. Il arrive à produire des sons comme Miles en sortait de son orgue en 1973-75 à la fin de ses concerts fleuves. Musique de film d'horreur ou fantastique. Humair travaille la pâte sonore avec sa main droite nue et un maillet dans la main gauche. Malaby fait bondir les notes en fermant les clefs au maximum. C'est entre le planant et la transe. Ca gargouille, ça grince de partout. Ils s'amusent comme des petits fous. Ils sont sévèrement à l'attaque. Ca repart avec le sax à gorge déployée, la contrebasse bondissante, la batterie menée aux baguettes.
Solo de Daniel Humair. Il s'amuse avec ses baguettes, un morceau de tissu, les tambours et les cymbales. C'est Vulcain derrière sa forge. Contrebasse et sax enchaînent assez funky. Ca roule assez puissamment. Tony Malaby dégrippe son saxophone en le faisant hurler.Ils descendent tout en douceur jusqu'à la fin du morceau.
Chevillon griffe sa contrebasse. Le sax grogne, gémit. Humair joue des baguettes sur le bord de la scène puis reprend ses tambours pour une marche militaire toute personnelle. Les soldats du Jazz montent au front avec vaillance. La contrebasse file les notes. La batterie matraque à grande vitesse. Le sax ténor danse au dessus du volcan. Humair, aux baguettes, joue en extase, bouche ouverte et yeux fermés. Après une légère descente, un dernier coup de cymbale clôt le concert.