Ce week-end, c'était récupération de nos trois garçons sur fond de repas offert aux beaux-parents à l'occasion de l'échange et pour les remercier de leurs peines. Recevoir dans un intérieur immaculé qui n'a de maison de campagne que le nom quatre gaillards de 5 à 13 ans, même remarquablement élevés en grande partie par mes soins, ce n'est pas en général ce que l'on souhaite à ses meilleurs amis.
Justement.
C'est pourquoi cette semaine je suis à la soupe. Normal : je dois digérer les 2 kilos de tiramisu que je m'étais évertuée à confectionner vendredi matin, comme le reste du repas, pour qu'un déjeuner correct soit prêt à être emporté pour neuf Lescinqt à table le samedi midi (ça semble compliqué, mais ça ne l'est pas tellement. Il faut juste faire ses courses à l'avance et connaître ses recettes par coeur. J'ai dix ans d'expérience acquise à la sueur de mes dix doigts, et pas seulement de ceux-ci, mais restons décente.)
Comme je connais la bête, je me suis même fendue d'un coup de fil à ma belle-mère préférée pour lui demander de ne rien apporter, attendu que je venais de me faire suer pendant toute une matinée, au lieu de baguenauder dans Verte-Ville avec ma petite dernière, au milieu des fleurs et des papillons.
Evidemment samedi la Georgette en question s'est ramenée avec sa glace à la vanille faite maison, ce qui a permis, j'imagine que c'était pour lui faire plaisir, à toute la tablée d'ignorer mon magnifique plat de tiramisu. Elle ne l'a bien sûr pas fait exprès. Aurait-elle des antécédents, cette vieille bique?
Pas grand chose, à part des milliers de réflexions désobligeantes, l'oubli du moindre dîner pour me présenter en son temps à toute la famille, des remarques (entendues!) derrière mon dos pour déclarer qu'elle préférait "l'autre"(la première épouse qui a viré son fils), parce que la grenuche en question aurait fait paraît-il "plus attention aux objets", des reproches en terme de savoir-vivre, alors qu'honnêtement c'est l'hôpital qui se fout de la Charité, une myriade de petites saloperies ménagères proférées en douce ("Ca ne te dérange pas que je re-récure la casserole?" ou bien, plus vicieux: "Tiens! Robert a ciré les meubles? Ca se voit." ) Je passe aussi sur la diététique, le repassage, et, plus grave, l'éducation des enfants. Ainsi, au moindre parti pris de ma part concernant la tournure que le développement de ces gosses devrait prendre (ce sont mes gossesseu!), entends-je de manière régulière que "Moi, je ne faisais pas comme ça..." que "Moi, je n'aurais jamais fait comme ça avec mes enfants..." Et la voilà qui émaille ses propos d'exemples, tente de démonter les arguments que, bonne fille, je présente sans sourire, jusqu'à ce que mon mari, cent fois, assène un énième "Tu as fait ce que tu as voulu, et il se trouve que nous faisons ce que nous voulons." quand ce n'est pas un "Nous aurais-tu habillés mon frère et moi d'une plume dans le cul que je ne ferais pas forcément la même chose avec mes enfants."
Mais rien n'y fait; c'est elle qui a raison.
Plusieurs fois j'ai déclaré à mon mari que je ne voulais "plus voir ta mère". Je l'ai mille fois incité à aller voir ses parents sans moi, mais il a toujours refusé. Alors je fais la garde-barrière pour deux, et même pour trois, car le beau-père ne fait pas toujours dans la dentelle non plus, devant ces gens qui dansent allègrement au bord du précipice, un brasero dans chaque main, ignorant que sur une décision de ma part ç'en serait fini de la famille, des vacances avec les petits-enfants, des repas dominicaux, des coups de téléphone du fiston et des interminables discussions sur les travaux, la passion de cette famille, sans parler des charmants Noël où en général c'est la foire aux crétins des Alpes.
J'affirme que la belle-fille est souvent la nouvelle cheffesse de toute famille en terme de relations verticales grands-parents/petits-enfants; j'imagine que Georgette doit le savoir malgré ses indéniables limites intellectuelles, et que c'est ça qui la pousse à, furieuse de sa disqualification dans l'ordre des choses, scier la branche sur laquelle elle se trouve, hors de toute cohérence sur le plan du bon sens.
Mais je ne dis rien, ou pas souvent (et là ça hurle, quand ça ne pond pas des remises au carré de 8 pages -qui calment le jeu pendant deux minutes six mois.) J'ai le culte de l'invité et des personnes âgées. Je ne sais pas d'où (et surtout de qui!) je tiens cela mais jamais je ne pourrais remettre méchamment à sa place une vieille chèvre qui a plus de trois décennies de plus que moi, et dans ma maison! Je crois que je fais ça par respect pour mes chères grands-mères, qui d'ailleurs ne portaient ni leurs brus ni leurs gendres dans leur coeur.
Je trouve que me voir, encore jeune et le teint frais, avec mes quatre gosses et l'amour de son fils, la vie devant moi, nantie des études qu'elle aurait été bien en peine de faire, et finalement toutes latitudes pour dire merde à la moindre de ses "idées", est une punition suffisante à laquelle je n'ai rien à ajouter. Surtout quand on a un nez à piquer des gauffrettes, les pattes à mon serein et qu'à part repasser et briquer, dans la vie....
"Tu es une agnelle; m'a déclaré ma copine Rosanna quand je lui racontai mon super week-end au tiramisu; moi j'aurais passé sa glace à l'eau bouillante devant toute la famille puis je lui aurais murmuré à l'oreille qu'elle allait de toute façon mourir avant moi et que je vendrais ses meubles un à un, sans parler de sa maison bradée au premier skinhead venu.."
Quand je dis que je suis une brave fille...!
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