Têtes de stars, l'édito de Ciel & Espace

Publié le 24 avril 2009 par Cieletespace

L'astronomie est-elle en manque de "pipoles", cette espèce médiatiquement envahissante dont raffolent, paraît-il, les foules, et pour qui la première, et souvent seule, qualité est d'être connu de tous ? On pourrait le croire en s'inquiétant des tentatives répétées d'associer les thématiques scientifiques à des visages déjà vus à la télé ; tentatives limitées par ladite réserve de visages... connus.

C'est Stephen Hawking, astrophysicien prisonnier d'un corps aussi effrayant que les fameux trous noirs qui l'ont rendu célèbre. C'est Albert Einstein, dont le portrait espiègle à la langue tirée rencontre un succès indémodable à la galerie des "génies" de l'humanité. Et c'est aussi le premier des scientifiques modernes, Galilée, dont le seul tort est sans doute de ne pas avoir laissé d'images animées de sa personne.

Qu'à cela ne tienne, comme on l'annonce bientôt pour les dinosaures et les mammouths à poils laineux, il suffit de le ressusciter ! C'est l'ambition de scientifiques italiens et britanniques qui veulent faire exhumer ses restes du caveau familial de l'église de Santa Croce, à Florence. La raison, expliquent-ils, est de déterminer par des études ADN si les troubles visuels de l'astronome pisan ont eu des répercussions sur certaines de ses observations.

Ainsi, Galilée dessinait la planète Saturne ovale et lui adjoignait deux satellites là où se devinent aisément des anneaux... "Si nous établissons la nature de sa pathologie, nous serons en mesure de simuler par un modèle mathématique ses conséquences sur ce que Galilée voyait, indiquent-ils. Et en utilisant la même lunette que lui, nous saurons avec plus de précision ce qu'il a réellement observé." On savait Kepler myope comme une taupe et Newton méchant comme une teigne. Reste donc à qualifier le "messager des étoiles" pour redonner chair humaine à ce pur esprit...

Longtemps, les historiens des sciences ont délibérément ignoré la vie personnelle des "géants" de la pensée au profit exclusif de leurs idées. Avec son fameux essai intitulé Les somnambules, le romancier Arthur Koestler va s'attaquer dans les années 1960 au préjugé selon lequel la connaissance scientifique progresse indépendamment des hommes qui la produisent.

En mettant en scène leur vie, il montrera les ressorts de leur œuvre : la raison et la foi. L'ouvrage, fortement attaqué à l'époque pour la subjectivité des portraits, paraît dans le contexte actuel bien timoré. Songez donc : on n'y apprend rien de croustillant sur les maîtresses de Galilée !


Alain Cirou
Directeur de la rédaction


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Sur Galilée :

En enfer avec Galilée, deux podcasts audio passionnants avec Jean-Marc Levy-Leblond, professeur émérite à l'université de Nice, physicien et épistémologue, directeur de la revue Alliage.

Galilée, le messager des étoiles, trois podcasts audio avec Isabelle Pantin, Professeur de Littérature de la renaissance à l'Ecole Normale Supérieure et chercheur associé à l'Observatoire de Paris dans l'équipe d'histoire de l'astronomie.


Sur les trous noir :

Voyage au coeur des trous noirs, trois podcasts audio avec Eric Gourgoulhon, Laboratoire Univers et Théories, Observatoire de Paris, CNRS, Université Paris Diderot.

Episode 1

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