Les glycines sont de croissance vigoureuse; il est courant d’apercevoir des sujets âgés atteignant des volumes impressionnants. Selon les variétés, les fleurs sont violettes, bleues ou blanches.
La mienne fait l’objet de toutes les attentions. La cohorte des visiteurs de la cathédrale, ne manque pas de s’arrêter devant elle avec des murmures d’approbation et des prises nombreuses de photos. Il faut préciser qu’elle se trouve située sur le parcours imposé et flèché ! Ma glycine doit être présente sur tous les continents !
Un parfum délicat fort agréable se dégage de chaque fleur. Elle a de l’ancienneté, son tronc à la base mesure pas loin du mètre de circonférence; on a l’impression que c’est elle qui tient le mur. La tortue trouve refuge entre ses multiples rejets, le chat en fait plusieurs fois par jour l’escalade et la reconnaissance, s’arrêtant ici ou là pour renifler une “différence”.
On ne parle que de sa fleur, mais son feuillage n’est pas le moindre de ses attraits. Ses feuilles évoluent au rythme des saisons. D’un joli vert tendre au printemps, elles deviennent plus foncées durant l’été et prennent à l’automne de belles teintes dorées avant de tomber pour l’hiver.
Elle encombre bien vite les gouttières, et sait bourdonner de milles butineurs. Une vie, une vraie personne !
Poème : (Sabine Sicaud , Poèmes d’enfant, Poitiers, Cahiers de France, 1926)
La glycine
Ô beau pied de glycine
Qui rampes sur le toit!
Glycine en fleurs, tendre glycine - bleu pavois
Des grilles, des balcons, des murs trop neufs, des toits
Trop vieux - souple glycine!
Ce matin, sous le ciel frémissant comme toi,
C’est dans tes grappes et tes feuilles,
Tout le miracle bleu du printemps qui m’accueille!
En papillons, du bleu s’effeuille…
Du bleu… du bleu nuancé de lilas,
De violet si doux qu’on ne sait pas
Si l’on voit des touffes d’iris ou de lilas.
Par terre est un champ de pétales.
Jacinthes, violettes pâles?
Non, mais, en l’air, une guirlande qui s’étale,
Qui s’effrange, qui glisse en gouttes de satin…
Il pleut mauve. Il a plu cette nuit, ce matin.
La terre est mauve; l’herbe mauve. Le jardin
Est un jardin pareil à ceux que j’imagine
Autour d’un petit pont sur des lotus, en Chine.
Jardins d’Asie… Ombre au pied des collines,
Toits retroussés, bassins fleuris et murmurants…
C’est comme un frais bonheur inconnu qui me prend,
Un bonheur du matin, fait d’air si transparent,
De couleurs et d’odeurs si fines,
Qu’on y sent toute l’âme en fête des glycines!
Ô glycine, collier des gouttières chagrines,
Manteau léger du parc aux grands escaliers blancs
Et de la pierre des vieux bancs
Devant les chaumes en ruines;
- Treille aux raisins d’azur, festons d’argent,
Vitrail d’évêque où chaque palme dessine
Entre des pendentifs d’améthystes, en rangs;
Flocons d’encens, clairs sachets odorants,
Qui tombent sur mon front, sur ma poitrine,
Comme un présent de mai!
- Glycine,
Dont le nom grec veut dire : doux, douceur,
Vin sucré… dont le nom est comme une liqueur,
Comme un parfum dans la brise câline,
Dont le nom, doucement, glisse comme tes fleurs,
Je te salue au seuil du Bel Été, Glycine…