Quelques 3 années après la sortie du film, voilà que je pose enfin les yeux sur le tant décrié (et tant adulé) Da Vinci Code de Ron Howard. Maintenant que le soufflé médiatique est retombé, il est beaucoup plus facile de rédiger un avis objectif sur le film en question. Précisons tout de même que la version critiquée ici est la version longue du film, qui dure près d’un quart d’heure de plus que la version ciné. Ron Howard a toujours été un bon faiseur, sans réel génie mais avec suffisamment d’application pour livrer des œuvres soignées, à défaut d’être mémorables. Il était donc le candidat parfait pour adapter le best seller de Dan Brown, dans une énorme machine de guerre à la logistique impressionnante. Mais il semblerait malheureusement que le réalisateur se soit quelque peu perdu dans cette adaptation, puisque Da Vinci Code est au mieux doucement sédatif et au pire carrément agaçant.
Commençons tout d’abord par le scénario, puisque c’est là que le bât blesse le plus. Dès les premières minutes, le film commence très mal, puisque la situation initiale est tout bonnement grotesque. On a en effet du mal à croire que le pauvre conservateur (incarné par un Jean-Pierre Marielle sous-employé) se soit baladé dans la moitié du musée du Louvres avec une balle dans le ventre pour laisser des messages tordus sous divers tableaux. Niveau crédibilité, le film prend déjà un sacré coup. Et ce n’est pas la suite qui va rattraper le tout, l’histoire présentée ici faisant preuve d’une paresse hallucinante. La plupart des énigmes sur lesquelles butent les héros peuvent être résolues par un gamin de dix ans, et surtout le récit part dans des facilités hallucinantes (pas étonnant d’un autre côté, vu que le scénariste est ce bon vieux Akiva Goldsman, l’homme qui a ruiné la fin de Je suis une Légende avec ses bondieuseries). Ainsi, dès que les personnages sont un tant soit peu en danger, on nous sort un vieux deus ex machina des familles absolument incroyable. Les policiers assiègent la banque dans laquelle se trouvent les héros ? Pas de problème, comme par hasard il y a une clause de sauf conduit qui accompagne le coffre. La maison de l’ami milliardaire de Langdon est elle aussi assiégée par la police ? Ce n’est rien, puisque celui-ci a un jet privé ! Difficile du coup d’être pris dans l’histoire, tant on a l’impression que de toute façon tous les obstacles vont être balayés d’un revers de la main.
Et ce n’est pas l’interprétation qui va rattraper les choses. Tom Hanks a l’air complètement paumé du début à la fin, semblant se demander « mais qu’est-ce que je fiche au milieu de tous ces Français incapables d’aligner trois mots en anglais ? ». Il faut dire aussi que son personnage d’expert en symboles est particulièrement inintéressant, peu développé et pratiquement inutile (mis à part dans les quinze dernières minutes, le personnage ne sert absolument à rien !). Audrey Tautou est aussi agaçante et mauvaise actrice qu’à son habitude, sauf qu’en plus elle ne sait pas parler anglais, provoquant l’hilarité à chacune de ses répliques. Jean Reno quant à lui fait presque de la figuration et est toujours aussi monolythique. Alfred Molina s’en sort avec les honneurs, même s’il est carrément sous-employé. Et Paul Bettany tente comme il peut d’insuffler une aura de danger à un personnage assez ridicule de moine serial killer albinos (ça fait beaucoup pour un seul homme). En fait, le seul acteur réellement crédible, et qui arrive presque à sauver le film lors des scènes où il apparaît, c’est le grand Sir Ian MacKellen. Son interprétation du vieil excentrique Sir Leigh Teabing est savoureuse et passionnée.
Ce n’est donc pas une surprise si la seule scène réellement réussie de tout le film est celle au cours de laquelle il décrypte le fameux tableau La Cène de Léonard de Vinci. Pendant ces quelques minutes de grâce cinématographique, Howard se réveille et on se passionne enfin pour ce qui se passe à l’écran, envoûté par la voix de l’acteur. Et on se prend à regretter que tout le film n’ait pas été à l’image de cette excellente séquence. Car si le scénario est mal fichu, la réalisation plutôt plate de Ron Howard ne donne jamais le souffle épique et l’aura de mystère qui auraient grandement amélioré le film. Seule la belle mais classique bande originale composée par Hans Zimmer relève un peu le niveau et réveille le spectateur. A vrai dire, la seule surprise vient de la charge contre l’Eglise que représente le film, à se demander si le studio a bien lu le livre avant de l’adapter…
Avec ses multiples tares prévisibles, Da Vinci Code rejoint donc aisément le cimetière des films « effets de mode » rapidement oubliés, et ne méritait pas les huées qui l’ont accueillies à Cannes. Non, Da Vinci Code n’est pas apte à susciter un tel déferlement de passion, juste un bâillement poli et un oubli dans les cinq minutes qui suivent son visionnage…