Faisant l'objet d'importantes subventions de la part de l'état fédéral, la filière biocarburant (1ère génération) a été encouragée par les instances gouvernementales américaines afin de diversifier les sources d'énergies et de diminuer la dépendance énergétique vis-à-vis des pays exportateurs d'énergies fossiles. Leader sur la scène internationale dans la production de biocarburants, les Etats-Unis espèrent atteindre le seuil des 57 milliards de litres de bioéthanol d'ici 2015. Cette production croissante d'énergie d'origine biomasse soulève cependant un certain nombre de problématiques, résultant notamment de l'impact environnemental d'une telle industrie.
En effet, selon une étude publiée en février 2009 par le journal "Environmental Science and Technology", la production de bioéthanol consommerait trois fois plus d'eau que ce qui avait été initialement estimé. D'après l'EPA (Environmental Protection Agency), plus de 95% des biocarburants américains sont produits à partir de grains de maïs. Si les études antérieures estimaient la consommation de 263 à 784 litres d'eau pour la production d'un litre de bioéthanol à partir du maïs, les chercheurs Y. Chiu, B. Walseth et S. Suh du département "Bioproducts and Biosystems Engineering" de l'université du Minnesota, ont mis en évidence qu'il s'agirait en réalité d'une consommation variant pour les différents états de 5 (Ohio) à 2 138 (Californie) litres d'eau pour chaque litre d'éthanol. Se basant sur des données récoltées en 2007 pour 41 états, la quantité d'eau totale nécessaire à la production de bioéthanol aux Etats-Unis s'élèverait ainsi à 3 260 milliards de litres. La consommation d'eau aurait alors augmenté de 246% entre 2005 et 2008 (passant de 1 900 à 6 100 milliards de litres) pour une hausse de la production de bioéthanol de 133% (passant de 15 à 34 milliards de litres sur la même période). Cette étude met, comme on l'a dit, en évidence une disparité régionale importante, 12 états du Midwest consommant moins de 100 litres d'eau par litre d'éthanol produit. Cette disparité est principalement le résultat de pratiques agricoles différentes (absence d'irrigation, drainage des cultures...). Toutefois, la majorité des états enregistre une consommation d'eau élevée, celle-ci pouvant avoir des répercussions régionales sur la gestion de l'eau et le rechargement des aquifères. A titre d'exemple, les états recouvrant la nappe souterraine d'Ogalla, puisaient 68% de leur consommation en eau pour la production d'éthanol en 2007. Selon les données de l' "U.S. Geologigal Survey", cette exploitation forcenée de l'aquifère serait à l'origine de 18% de la réduction de la taille de cette nappe souterraine. L'étude confirme ainsi les résultats des recherches du "National Research Council", publiés en 2006 et soulevant la question de l'impact environnementale d'une production à grande échelle de biocarburants à base de maïs. Par ailleurs, ces récents travaux soulignent aussi l'importance de tenir compte des disparités régionales en privilégiant l'implantation de bio-raffineries près de sites ne nécessitant pas d'irrigation intensive et n'utilisant qu'en apport mineur les réserves d'eau souterraines. En effet, sachant que 36 états connaîtront dans le court terme des pénuries en eau de plus ou moins grande échelle (données de l' Office Fédéral "U.S. General Accounting"), l'expansion d'une telle industrie ne pourra qu'aggraver l'épuisement des réserves souterraines.