(Le Figaro) 1789 ? 1968 ? Probablement ni l'un ni l'autre, même s'il est de bon ton, à l'instar
de Dominique de Villepin, d'assurer qu' "il y a un risque révolutionnaire en France". Un risque qu'il faudrait comprendre comme l'annonce d'une nouvelle révolte des bras nus contre les
bourgeois, ou d'une nouvelle insurrection de la jeune génération. Le bouillonnement de la société donne, bien sûr, ce sentiment d'instabilité. L'extrême-gauche fait tout son possible pour
attiser les conflits, dans les entreprises et les universités, quitte à recourir à la violence. Un professeur émérite à l'université de Strasbourg, François Galichet, en vient à soutenir (Le
Monde, 24 avril) que les séquestrations de patrons ont, pour ceux qui sont victimes de ces "contraintes", une "visée éducative" répondant à une "éthique pédagogique". Les "rééducations"
décidées par les régimes totalitaires procédaient, j'imagine, de tels raisonnements "citoyens".
Cependant,je ne crois pas à ces révolutions-là, qui répondent à des idéologies, progressistes ou relativistes, qui étalent leur
faillite sous nos yeux. J'entendais, ce lundi matin sur Europe 1, François Chérèque (CFDT) expliquer, répondant à l'éventualité d'un appel à la grève générale : "Ce n'est pas une grève qui
réglera les problèmes". Ce réformisme syndical, qui arrive pour l'instant à canaliser les irruptions sociales, est un des éléments constitutifs d'une évolution qui est en train de gagner la
société, en réaction aux échecs et aux excès d'hier. Une enquête sur les valeurs des Français, publiée par Le Monde samedi, montre que la famille, le travail, la fierté d'être Français
sont des valeurs à la hausse. L'enquête souligne aussi la remontée du principe d'autorité et même une légère progression de la religion au palmarès des valeurs. Tout cela ne ressemble-t-il
pas à une révolution néoconservatrice?
Ivan Rioufol
(Son interview à drzz.info)