C’est pas de bol ! je viens de m’ extirper péniblement de mon lit et de me traîner jusqu’au PC. C’est quand même extraordinaire de revenir du pays où l’espérance de vie est de 56 ans en pleine forme et paf! de tomber malade un fois à Paris. Bon, je le confesse, j’étais un peu en mode “vive la France, ce beau pays qui abrite des merveilles telles que le saucisson et le camembert”. Faut dire qu’après 25 jours de riz/nouilles j’ avais pas exactement envie d’un jus de canneberge mais bon…j’aurais du y aller mollo: mon estomac n’ a pas l’air d’apprécier ce retour au pays. Qu’importe ! Me voici me voilà ! De retour chez nous après un voyages de noces insolite, sportif, dans des paysages incroyables, une expérience très forte que je vais essayer de relater au mieux sur mon cher petit blog, que je retrouve avec plaisir…
Mardi 31 mars et mercredi 1 avril : le voyage
C’est parti pour 15h de vol. Paris -Doha (au Qatar-genre le pays ou ya plein de touristes mais tu te demandes bien pourquoi vu que c’est un désert et qu’il n’y a que des centres types Rosny 2 en géant) Avion spacieux+ un tiers de remplissage, moi je dis bingo on va pouvoir s’étaler comme des crêpes. En plus ya le cinéma on demand et ça c’est drôlement chouette. Je tente un début de Quantum of Solace mais suis rapidement gavée par les minauderies d’Olga Kurylenko -vous connaissez ma jalousie pour les biatch de ce type - je switch sur un indémodable coup de foudre à Notting Hill et sa célèbre tirade des abricots marinés.
Monsieur O. de son côté regarde quelques nanars qu’il n’ aurait pas la force de supporter dans un autre cadre. Changement d’Avion Direction Kathmandu, il est une heure du mat, on est un peu au radar mais on s’envole rapidement. 8h : “Ladies and gentlemen, ziss iz your cap’tain speaking, we are naou survoling ze city of Kathmandu, but zer iz tou much brouillard, because we are in ze totale purée de pois. we have to fly to Daka in Bengladesh, And attendre for une amélioration of ze weather” OK. La jme dis putain ça y est, les emmerdes commencent. Bim 5 heures de retard dans la vue. Finalement arrivée à Kathmandu où on fait la queue pour les visas pendant à peu près 1h30 et où on récupère nos bagages dans le hall, comme ça foutu là au milieu. Mouais. Concept.
Tulsi, un jeune homme de l’agence nous accueille avec des colliers de fleurs et un taxi qui fait teuf teuf. Entrée épique dans la capitale. C’est magnifique mais putain… c’ est pas une ville ! C’ est le chaos ! Au début on se dit ya une manif de la CGT népalaise? Ca klaxone de partout… on comprend rapidement que c’est normal. C’est le bordel, ya des vaches qui marchent au milieu de la rue, des pousse pousse qui leur foncent dedans des voitures qui se roulent dans le tas. Tulsi nous explique aussi qu’a Kathmandu, il n’y a pas de signalisation, car il ya 16h de coupure d’ électricité dans un journée. OUAH. Ca par exemple !
Arrivés à l’hôtel on s’écroule comme des gros bouffons et on pionce un coup avant de sortir pour une première petite ballade dans la ville et de prendre un premier dîner: Prévoyants, on se dit qu’on va manger rustique pendant 3 semaines donc on profite des derniers “gros repas”… on croyait pas si bien dire: poulet rôti ( entier !!!) pour moi et steak au poivre ( de 4 kilos au moins) pour Monsieur O. On s’endort repus dans notre petit hôtel ou il y a cette chose extraordinaire et rare appelée salle de bains: regarde la bien ma cocotte, t’en reverra pas de si tôt.
Vue sur Kathmandu - de la fenêtre de notre chambre
Jeudi 2 avril : Kathmandu
Le lendemain, frais et dispos, rendez vous à l’ agence pour rencontrer notre équipe et compléter notre liste de matériel. On nous présente Damber un jeune guide francophone de 27 ans -une crème parait -il- et Gallu un vieux de la vieille, bien droit dans ses bottes (ou plutôt dans ses tongs) et là on se dit oulala celui la il va pas falloir se payer sa tronche…
On part avec eux pour acheter nos doudounes made in Népal (trop gros investissement en France)Interlude fashion : on entre dans la boutique et là je la vois, elle est là sur son cintre: la doudoune la plus moche que la terre ait porté -couleur brun caca cuivré. Et je me dis, avec la chatte que j’ ai, celle là elle est pour ma gueule. Gagné. c’est la seule petite taille. O joie.
Puis location des chaussures de la torture, d’un piolet marteau et autres joyeux instruments trop de la hype. Un dîner- un dodo… demain l’aventure commence Vraiment.
Vendredi 3 avril : Kathmandu -Besisahar
Une des étapes les plus ubuesques du voyage. Je l’appréhendais déjà depuis la France: 180 kilomètres en bus local sur la route, je cite, “la plus dangereuse d’Asie” faut dire j’ ai le don de lire les articles qui rassurent. Impression en vrac:
-Sur le toit du véhicule environ une tonne de sacs, paniers de nourriture et autres ânes morts
- Grosse embrouille avant le départ parce que le chauffeur à autorisé une nana sans ticket à monter parce qu’elle le branchait bien. ça fout le bordel.
-Départ dans les cris. Le rabatteur (12 ans) gueule en courant a côté du bus. Des passagers montent. 30 places dans le bus. 45 passagers. puis 50. puis 60. C’ est un peu le bus magique en fait: il n’ a pas de fond.
-Sur la route on croise deux bus encastrés dans des bornes. A l’intérieur tout le monde est mort… de rire.
-Les plus jeunes sont envoyés sur le toit pour surveiller les bagages… pour qu’ils ne tombent pas sur la route (les nôtres dans le tas)
-Passage d’un dvd de film népalais. Dans le bus c’est ambiance grosse marrade. C’est bien, ça les occupe, du coup personne ne voit que le chauffeur double dans les virages.
- A l’arrivée (au bout de 7h ! ) le chauffeur essaye d’ entuber notre guide, et réussi à récupérer le 06 de la meuf.
le bus en question…
En dehors de ça on fait plus ample connaissance avec notre équipe au complet. Au passage petit brief rapide sur la population népalaise. Elle se compose de très nombreuses ethnies (des centaines) qui sont définies par la région d’origine et possèdent chacune des coutumes propres, des pratiques religieuses et une langue. Même si la langue officielle du pays est le Népali, il est très fréquent que dans les villages les personnes ne parlent que le dialecte local.
Dans notre équipe nous avions donc 3 personnes de l’ethnie Gurung (une ethnie de souche tibétaine du nord du pays): Damber, notre chef guide, Marsinz (son petit frère- 20 ans) porteur, et Kes Bahadur (son beau frère, 18 ans) porteur également.Nous avions une personne d’ethnie Chetri, Jaya, 24 ans, le troisième porteur. Et pour finir nous avions un Sherpa, Gallu, 41 ans et deuxième guide. (Celui qui rigole pas)
A Besisahar, un ville de campagne on s’ installe dans une maison d’hôte et on dîne de nouilles sautées et de momos (des raviolis aux légumes) en tapant la discute avec nos nouveaux compagnons de galère. Seul Damber parle pas trop mal le français. Les trois porteurs connaissent quelques mots d’ anglais et Gallu lui, parle un anglais complètement incompréhensible à la vitesse de Speedy Gonzales. Fin de première journée on s’endort, bercés par les grillons et les chiens errants - qui doivent être assez nombreux pour former une armée et prendre le pouvoir sur les humains)
Samedi 4 avril : premier jour de marche - Besisahar -Ngadi
levés à 5 heure du mat on petit-déjeune en regardant du coin de l’oeil nos porteurs préparer leur chargement. Il y a le matériel technique, le matos de camping (deux paniers assez énormes) et nos deux sacs qui ne dépassent pas 20 kilos chacun, comme demandé. On se demande bien comment ils vont répartir les charges. Et la on voit avec stupeur, l’un des guide attacher nos deux énorme sacs Quechua l’un à l’autre par des sangles. Nan, c’est pas possible? Un mec de 1m30 ne va quand même pas porter nos DEUX sacs sur son dos pendant 15o kilomètres? Eh ben si. Comme prévu, notre guide vient nous rassurer: 40 kilos c’est tout a fait basique pour un porteur en expé. Ah bon. Ok. Ca va quand même nous travailler pendant plusieurs jours…
Le trekk commence : on traverse de grandes plaines, des petits sentiers de forêt. Il fait assez humide et chaud dès 7h du mat. Beaucoup de végétation,d’immenses troupeaux de bestiaux, ânes, vaches, chèvres… on traverse plusieurs petits villages où on fait des photos avec des enfants qui hurlent de rire en voyant apparaître leur image sur l’ écran de l’ appareil numérique. On marche à plutôt bonne allure mais notre guide insiste pour qu’on y aille mollo… Il profite également d’ un moment seul à seul avec monsieur O. pendant que je suis un peu plus loin pour lui dire en rougissant ” Mika, très important à partir de 3000 mètres d’ altitude, vous pas faire sexe. très dangereux. Tu m’étonnes Albert ! Mais t’inquiète on avait pas prévu de réviser notre kama sutra au camp de base du sommet…
Arrivée à Ngadi dans l’après midi, installation dans un lodge tenu par une charmante petite famille de tibétains. Il fait encore beau et on peut donc se doucher a l’eau chauffée grâce à un panneau solaire qui fonctionne -parfois- vers 20h c’ est l’heure du dodo et on s’endort ravis de cette première journée pleine de découvertes.
Photo 1 : notez le “hot and cold shower” que je trouve très drôle. Photo 2: Au village de Ngadi
Dimanche 5 avril : Ngadi - Jagat
Aujourd’hui, étape un poil plus costaud: ça monte, ça descend, ça monte ça descend… nan mais ho c’ est pas bientôt fini ce foutage de gueule? Ils peuvent pas construire des routes qui montent progressivement? Ben si justement ils essayent. Mais la construction d’une route met environ dix ans… On croise justement des cantonniers un peu plus loin. Des cantonniers? des mecs qui cassent les cailloux avec un marteau? ça existe encore? Eh ben oui ça existe… et franchement ça fait bien de la peine à voir…
Jagat est un village un peu plus grande que Ngadi. Notre guide nous trouve un lodge bien confortable au calme… jusqu’à ce que débarque une groupe de 20 touristes chinois. Il sont pas méchants hein… mais bon il sont 20 alors pour l’ eau chaude… on repassera.
Au dîner, pour une fois, notre équipe mange à nos côtés (en général les propriétaires des lodges interdisent au népalais de manger dans la salle commune, réservée aux trekkers: ils doivent se contenter de la cuisine… aaaarfff trop énervant ce genre de trucs) repas tous ensemble donc, notre équipe mange du dal bhat, le plat national, composé de riz blanc, lentilles et curry de pommes de terre. C’est un plat qu’ils mangent matin, midi et soir et apparemment sans s’en lasser le moins du monde. On hallucine totalement sur les quantités absorbées par nos cinq gaillards, surtout Marsinz, épais comme une allumette qui se bouffe l’équivalent d’un kilos de riz à chaque repas.
Photo 2 : le village de Jagat
Mardi 6 avril : Jagat -Dharapani
Journée placée sous le signe de l’âne. On va croiser sur notre route environ un trentaine de troupeaux. Etant donné que les sentiers font à peu près 50 centimètres de large, avec d’un côté falaise, de l’autre, précipice, doubler les ânes en question n’ est pas vraiment chose facile. Ils vont à deux a l’heure et Gallu, notre vieux de la vieille à l’air complètement exaspéré par la situation. Nous, ça nous permet d’ admirer le paysage. Lui le paysage il s’en balance. Il l’a déjà vu 10 000 fois.
Vers midi, changement de région : nous passons la porte qui sépare le Lamjung de la région de Manang. Et ça commence par la traversée de la ville de Tal. construite dans une vallée, au bord d’un immense lac de sel. Nouveau paysage, complètement différent des précédents: galets, sable… on se croirait presque au la mer, au milieu des montagnes.
En fin de journée il se met à pleuvoir comme vache qui pisse. Damber demande à Gallu de mettre son poncho. Ca lui plait pas à Gallu. Déjà parce qu’il aime pas se faire commander par un pti jeune et puis parce qu’avec son poncho (en plastique orange fluo) il a l’air d’un con et il le sait. Du coup il fait la gueule et marche tout seul devant. marrant, on dirait un énorme bob l’éponge orange. On croise un petit vieux de 65 ans (autant dire pour le Népal, l’équivalent du père Fouras) qui porte sur son dos un chargement de 62 kilos. Et il cavale en plus.
Arrivés à Dharapani, on est trempés. Sauf Gallu -la pluie ne mouille pas Gallu, c’est Gallu qui fait sécher la pluie- on se trouve une petite guest house bien sympathique et vide, ce qui nous permet de passer une fois de plus la soirée avec notre équipe et de bien nous fendre la gueule. Nos amis profitent de l’ atmosphère détendue pour accepter de boire un peu de vin de fabrication locale proposé par le patron du lodge. Ni une ni deux ils sont déjà pompette, il leur en fallait pas des masses. Une semaine est déjà passée depuis notre départ: pour le moment tout le monde est en pleine forme. les prochaines journées s’ annoncent un peu plus difficiles : ça va monter petit à petit et donc être de plus en plus dur…Donc pour nous pas de vin (déjà que nos estomacs d’ occidentaux ont du mal avec leur eau alors si on se met à picoler en plus…) mais plutôt un gros dodo, à l’heure des mamies. IL est 20h 30 et on ronfle comme des pierres ( ouais grave, les pierres ça ronfle) dans notre petit cabane avec vue panoramique sur les montagnes. la suite au prochain épisode
photo 1 : Damber and myself (admirez la tenue glamour) passant la porte de la région de Manang
photo 2 : Culture en terrasses