Ce soir, un combat de boxe sera retransmis en direct et en exclusivité (c’est ça la « nouveauté ») sur le site http://brahimasloum.webtv-tools.com/.
Pour 3,80 €, vous pourrez ainsi assister au combat de Brahim Asloum contre un illustre inconnu, Humberto Pool, boxeur meicain de 34 ans, à la carrière aussi chaotique qu’un champ de patates.
Pour les non amateurs, Brahim Asloum c’est aujourd’hui le seul et unique champion du monde national, au sein d’un paysage pugilistique national déserté. Certains se souviennent peut-être de ses larmes sur le podium des JO de Sydney ou de sa coiffure Bleu-blanc-rouge qui avait tant séduit les médias à l'époque...
Depuis 9 ans, Asloum a tout connu : les paillettes façon canal +, les sifflets de salles hurlantes contre un boxeur doué certes, mais qui en faisait beaucoup trop pour un débutant dans le milieu professionnel.
Après deux défaites en championnat du monde, une rédemption qui passera par de la sueur et du sang dans les salles de boxe mexicaines, Asloum a enfin décroché le Graal en 2007, en devenant champion du Monde des mi-mouches.
Le plus drôle, c’est qu’Asloum, devenu un produit marketing « poussé » par Canal + après les Jeux, s’est aujourd’hui émancipé (provisoirement) de la chaine payante. Pour des histoires de gros sous, la chaine cryptée a refusé de diffuser le combat de ce soir. Rien de personnel, mais la diffusion du noble art a pratiquement disparu des antennes depuis quelques années. La boxe attire moins, est moins visible, moins bankable, ne possède plus de tête d’affiche, les médias se désengagent, …. Et c’est un cercle vicieux qui s’installe.
Pour contourner la chose, Asloum, s’auto-produit (chose très rare dans ce milieu), et a utilisé le Net comme vecteur de sa prise d’autonomie face à Canal et aux promoteurs.
Depuis plusieurs semaines, il est possible de suivre pas à pas l’entrainement d’Asloum, des web épisodes nous racontant la renaissance du boxeur : « aujourd’hui, il repart à zéro, en quête de sa propre légende » explique le site au début du mois. Et la soirée du27 est intitulée « Tout commence. Le 27 avril ».
L’internaute n’est pas obligé d’adhérer à cette mise en récit un peu pompeuse, mais il faut reconnaitre que c’est habile et plutôt bien fait (les web épisodes présentes des aspects assez différents de l’entrainement).
Le plus remarquable, c’est que ce n’est pas le combat en lui-même qui fait parler (personne n’est dupe sur la victoire finale), mais bien sur le format et le moyen utilisé pour storyteller le match. Brahim Asloum sur le ring et sur le Net titre ainsi Les Dessous du Sport.
Le web est donc utilisé ici pour contourner la télévision et offrir une alternative face aux sports ultra médiatisés. Il est surtout un moyen de s’émanciper des logiques économiques propres aux médias « traditionnels ». Asloum le dit lui-ême, il expérimente, il teste, et il verra si cela fonctionne. A voir si la recette marche, et si la diffusion live sera à la hauteur sur un plan technique.
Et peut être que nous aurons là un premier case study qui servira pour d’autres sports moins médiatiques et moins populaires. Moi, en tout cas, je vais regarder.