Je suis de retour à Paris après une semaine de reportage sur le développement de l’IT au Maroc, un pays qui a fait de cette industrie - notamment de son volet export (avec l’offshore pour les donneurs d’ordre francophones) - un des piliers de sa stratégie de croissance. Je m’apprête à publier un certain nombre d’articles sur le sujet, mais voici déjà quelques réflexions, “à chaud”. Premier volet de ce billet en deux parties avec le “côté pile”, ce qui m’est apparu comme des forces du pays pour se positionner sur la carte mondiale de l’IT.
- Le volontarisme affiché par les autorités
Comme je l’expliquais dans un précédent billet, les autorités marocaines mènent depuis plusieurs années déjà une offensive de charme pour s’imposer comme une des destinations offshore sur la carte du monde. Mises en place d’infrastructures (les fameux parcs technologiques de Casanearshore et Rabat Technolopis et ceux en projet à Fès et Marrakech), mesures incitatives pour les investisseurs étrangers (exonération totale de l’impôt sur les sociétés pendant 5 ans et réduction de 50 % au-delà, un impôt sur le revenu plafonné à 20 % de la masse salariale dans les zones offshore), plan de formation pour disposer des ressources nécessaires à cette industrie (avec notamment l’objectif de former 10 000 ingénieurs par an, mais aussi de nombreuses aides pour le reclassement ou l’adaptation des profils). Même s’il faudra la jauger sur la durée, la stratégie a déjà réussi à attirer ou à conforter la présence d’un certain nombre d’acteurs clefs des services informatiques ou du BPO : Genpact, Dell, Devoteam, Logica, GFI, Steria, Atos-Origin, Capgemini, SQLI, Bull, Accenture ou encore TCS. Mais aussi des grands comptes nationaux, comme BNP Paribas, qui a installé sa filiale Med IT très tôt à Casanearshore, ou Axa, qui a pris ses quartiers à Rabat fin 2008 après une longue bataille avec les syndicats. L’assureur devrait prochainement déménager sur le site de Technopolis, la zone offshore de la capitale administrative marocaine.
- L’existence d’un marché local et régional
S’implanter au Maroc, c’est aussi accéder à un marché local, certes petit mais où les besoins des grands comptes sont réels (les banques, les entreprises de travaux publics, les transports, les compagnies minières, mais aussi les administrations pour leur programme d’e-gouvernement). Pour ces projets assez complexes, les DSI marocains se tournent volontiers vers des acteurs français, afin de profiter de leur expérience dans l’Hexagone. Ce positionnement à cheval sur des marchés locaux et sur l’offshore fournit un filet de sécurité aux entreprises implantées sur place et offre des perspectives aux salariés, selon GFI et Steria, qui ont fait, comme d’autres, le choix de ce positionnement mixte. Les deux SSII françaises insistent sur le fait que ce choix limiterait le turnover, un des maux récurrents dont souffrent les sociétés de services et centres d’appel du royaume. Au-delà du marché marocain, le pays peut aussi être vu comme une plate-forme pour adresser les voisins francophones.
Mohammed Horani, président de la Fédération des technologies de l'information, des télécommunications et de l'offshoring.
Un positionnement qu’adoptent d’ailleurs également les quelques acteurs d’origine marocaine capables de se projeter en dehors de leurs frontières. Des sociétés qui souffrent encore d’un manque de taille critique, comme le reconnaît d’ailleurs Mohammed Horani, le président de l’Apebi (la Fédération des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring) et par ailleurs Pdg de HPS, un éditeur de solutions de paiement (200 personnes env.) parmi les rares acteurs de l’IT marocaine à avoir percé à l’international. “Nous aimerions que l’Etat mette en place des incitations fiscales pour favoriser le rapprochement des acteurs locaux”, m’a notamment dit Mohammed Horani. En début d’année, HPS a d’ailleurs renoncé à un rapprochement avec l’intégrateur S2M. En dehors de ces deux noms, citons parmi les autres acteurs locaux de poids (plus de 100 salariés) Omnidata (intégration de systèmes), IB-Maroc (infrastructures), Finatech (un acteur qui a racheté de nombreuses petites sociétés dans divers secteurs) ou encore m2m group (transaction électronique sécurisée).
- A venir : les pesanteurs du Maroc
Lire mes précédents billets sur le développement de l’offshore au Maroc :
- Décollage de l’offshore marocain : la bonne fenêtre de lancement ?
- Données personnelles : le Maroc veut s’aligner sur les normes de l’Europe
- Le Maroc sent venir la crise et compte sur l’offshore
- Le Maroc et l’offshore : premiers contacts
- Casanearshore, la vitrine de l’offshore à la marocaine
Références externes
- reference #1
../2009/04/22/2009/04/21/le-maroc-sent-venir-le-crise-et-compte-sur-loffshore/ - reference #2
../2009/04/22/2009/04/20/le-maroc-de-loffshore-premiers-contacts/ - reference #3
../category/jour-homme/