La semaine dernière, le commissaire européen à l'Elargissement, Olli Rehn, a qualifié la question du Kosovo de "test majeur pour la politique étrangère de l'UE". Les Etats-Unis sont favorables à l'indépendance de la province, tandis que la Russie est contre. L'UE cherche encore une position commune. Extraits sélectionnés par Euro/TOPICS
Helmar Dumbs reproche aux Européens de ne pas adopter une position claire vis-à-vis du Kosovo, contrairement aux Etats-Unis, qui se sont déclarés favorables à son indépendance. "Huit ans après la guerre du Kosovo, les Serbes et les Albanais ont le droit de savoir où ils en sont. Les Etats-Unis ont été clairs, tout comme la Russie, qui s'est prononcée contre cette indépendance. Mais le Kosovo ne se trouve ni en Russie ni aux Etats-Unis. Il est situé en Europe, et il serait bon que les Etats européens comprennent enfin ce que cela implique : qu'ils ne peuvent purement et simplement pas s'abstenir de prendre une décision commune sur la question. (...) S'ils ne parviennent pas à se mettre d'accord, ce n'est plus la peine de perdre son temps à réfléchir à une politique étrangère et de sécurité commune.
" Süddeutsche Zeitung (Allemagne) "Au final, ce ne sont pas les Américains ou les Russes mais les Européens qui devront aider le Kosovo et la Serbie à assurer son avenir politique et financier. La bonne nouvelle, c'est que l'UE l'a enfin compris sous la pression de la catastrophe politique imminente dans les Balkans", écrit Martin Winter. "L'UE n'aime pas la brutalité en politique, et c'est tout à son honneur. Mais dans le cas présent, elle n'a pas d'autre choix. La perspective d'une adhésion future à l'UE n'émeut pas vraiment les Serbes, ni les Albanais du Kosovo. (...) Si l'Europe veut réussir, elle doit menacer : si la Serbie et le Kosovo ne parviennent pas à un accord pacifique, toute perspective européenne leur sera fermée et ils ne toucheront plus un sou. Certes, il n'y a aucune garantie que cela fasse réfléchir Belgrade et Pristina. Mais les Européens n'ont plus d'autre choix." Neue Zürcher Zeitung (Suisse) Le politologue allemand Thomas Speckmann compare l'engagement international de l'Europe et des Etats-Unis et s'appuie sur l'exemple de la mission européenne prévue au Kosovo. "Selon le plan Ahtisaari, cette mission doit prendre la relève des Nations Unies à Pristina. Toutefois, même si Moscou renonçait à bloquer ce projet au Conseil de sécurité de l'ONU, il subsisterait en Bosnie comme au nord du Kosovo une région à dominante serbe, dont la population refuserait de reconnaître la souveraineté d'un gouvernement central kosovar. (...) Ironie de l'histoire : les Européens, qui font souvent la morale aux Américains sur la question des interventions militaires, seront encore confrontés pendant des décennies aux conséquences de leur guerre d'agression contre Belgrade en 1999, une passe d'arme que le Conseil de sécurité de l'ONU à New York n'a pas plus légitimé que la guerre d'Irak de 2003."