La parabole des aveugles et de l'éléphant :
Il était une fois un village entièrement peuplé d’aveugles.Un colporteur informa les habitants qu’un prince, venu de loin, traversait la contrée à dos d’éléphant.
« Qu’est-ce qu’un éléphant ? » demandèrent les aveugles. Il n’y en avait pas dans les parages, et ils n’avaient jamais entendu parler de cet animal-là.Le colporteur leur dit qu’il s’agissait d’une bête gigantesque, en tout point extraordinaire. Il piqua si bien leurcuriosité que les aveugles voulurent tous approcher l’éléphant pour s’en faire une idée personnelle. Tous, c’était beaucoup trop. Par conséquent, on décida d’envoyer une délégation de trois personnes, que le prince voyageur reçut de bonne grâce. Il autorisa les représentants du village à palper son éléphant à loisir. Ils palpèrent donc, remercièrent et rentrèrent chez eux. Aussitôt, ils furent entourés et assaillis de questions par les autres villageois. « C’est un animal qui ressemble à un tapis rugueux battu par le vent sur une corde à linge », dit un aveuglequi n’avait touché que l’oreille. « Pas du tout, dit celui qui n’avait tâté que la trompe, c’est une sorte de serpent très épais, très nerveux, à tête poilue et humide. » « Comment donc! s’indigna le troisième, qui n’avait palpé que la patte, c’est une bête épaisse et calme comme un arbre. » « Entendez-vous ! » demandèrent les villageois.Loin de s’entendre, les trois aveugles en vinrent aux mains, chacun prétendant avoir raison. Les autres prirent parti et la querelle tourna à l’affrontement général. Quand tout le monde fut las de donner et de recevoir des coups, un sage proposa d’envoyer une autre délégation, plus nombreuse, formée de personnes choisies pour leur intelligence, et qui prendraient le soin de demander au prince lui-même une description de sa monture – car les aveugles, se souvenant des paroles du colporteur, doutaient que l’on puisse voyager à dos de tapis, à dos de serpent ou à dos d’arbre. Il fallut plusieurs jours pour se mettre d’accord sur la composition de cette nouvelle ambassade. Lorsqu’elle arriva, le prince avait levé le camp."
Considérons un instant que "l'éléphant" soit votre client, vos opportunités de développement ou toute problématique d'innovation, travailler uniquement avec des experts ou des spécialistes du sujet identifié risque de réduire fortement vos perspectives ou de les orienter trop rapidement dans une direction non pertinente.
En revanche, si vous commencez par éliminer les biais usuels inhérents à la trop bonne connaissance d'un marché ou d'une situation ("le client a dit que", "nos concurrents ont lancé ce nouveau service", les "focus groupes révèlent que", "les lois de notre marché font que"...), et vous sélectionnez une équipe (mixte) capable de s'immerger dans un contexte pour le comprendre de l'intérieur (monter sur l'éléphant et interroger intelligemment le Prince pour reprendre le fil de la parabole), cela changera complètement vos perspectives.
Enfin si cette même équipe s'appuie d'abord sur ses observations puis les croise avec sa réalité d'entreprise...Là tout devient vraiment possible et plus rapide.
La morale de la parabole en matière d'innovation systémique et de dynamique du changement : pour que les idées ne restent pas que...des idées, mieux vaut une équipe diverse, variée, sélectionnée selon ses points de vues complémentaires sur un sujet donné. Celle-ci sera incitée à développer une vision à la fois plurielle et partagée. A partir de cette étape, l'équipe pourra élaborer de nouveaux concepts qui feront sens pour l'entreprise et le client (ou partie prenante servie/ciblée).