Travaillant avec des
Polaroïds périmés, cette artiste les présente au mur comme des tableaux ou dans un diaporama ; elle montre aussi de petits films sur des écrans minuscules. La diversité des formats fait que le spectateur, cherchant un fil conducteur narratif, s’éloigne et se rapproche, attrape ici une bribe d’histoire alors qu’il se laisse là capter par la pure beauté des images. On ne sait trop de quoi il est question, une histoire de gens qui s’aiment dans une caravane dans le désert mojave, une
ambiance qui s’instaure peu à peu, des drames qui se nouent, une histoire d’amour entre deux héroïnes passionnelles, un cheval qui meurt aussi.
S’en dégage l’étrange poésie d’un univers féminin, où l’homme semble un intrus à peine toléré.Les couleurs passées, les images partiellement oblitérées du fait de la dégradation de la pellicule, les effets de miroir traduisent visuellement la fragmentation de l’histoire, ses incertitudes oniriques et ses flous narratifs.
C’est 29 Palms, CA, une exposition de Stefanie Schneider à la Galerie Morave à Brno, en République Tchèque, jusqu’au 14 juin. On ne voit ici, je crois, qu’une facette du projet, qui semble bien plus complexe, mais la manière dont les défauts de l’image et les accrocs du récit se répondent m’a bien plu.
Dans le même musée une belle exposition sur la peinture académique et la beauté féminine dans la première moitié du XXème siècle en Bohème (Beings from Nowhere, jusqu’au 7 juin). Si vous passez par là...
Photos 1 et 3 de l’auteur. Photo 2 Archives de la Galerie Morave, Brno. Stefanie Schneider étant représentée par l’ADAGP, les photos seront ôtées du blog à la fin de l’exposition.
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