Solitude et isolement

Le sentiment d’être isolé ne dépend pas du nombre de personnes alentour. Seul dans une pièce, occupé à écrire à un ami, on ne ressent aucun isolement malgré la solitude momentanée. En revanche, au milieu de la foule d’un grand magasin, il est fréquent de sentir comme abandonné. La solitude n’est donc pas l’isolement.

La présence humaine n’est pas un remède suffisant. Le visage des agresseurs ne supprime pas l’isolement, mais l’augmente ! Mais, de la même façon, un visage familier, s’il porte les marques du souci et de l’indifférence, n’est d’aucun réconfort. Être entouré de ses proches n’a jamais empêché de sentir seul.

Car ce qui réconforte, disait Epictète, ce n’est pas la vue d’un être humain, en tant que tel. Mais celle d’un être de confiance, bienveillant, secourable. Tandis que l’isolement vient de ne trouver aucun appui ni dans ceux qui nous entourent, ni en nous-même. Bref, de se sentir sans défense ni secours. Rien à voir avec la solitude.

C’est donc la bienveillance, et non la seule présence, qui réchauffe un couple, une famille. Et dans la solitude, c’est la considération de la nature et de nos ressources morales qui peut inspirer confiance. Nous pouvons faire fond, disaient les stoïciens, sur la nécessité extérieure, témoin la course du soleil dans le ciel, comme sur notre intime volonté…