Les rencontres que programme le Salon de lecture Jacques Kerchache du Musée du Quai Branly sont toujours passionnantes.
Hier, il s'agissait de la présentation d'une poterie cérémonielle Kwoma de Papouasie-Nouvelle Guinée. Celle-ci avait été organisée avec l'Association Percevoir car elle s'adressait directement aux personnes aveugles et malvoyantes.
La découverte se faisait donc de manière tactile, un fac-similé circulant de main en main, les personnes voyantes ayant un bandeau sur les yeux.
Hélène Wilhem, conférencière (Association Percevoir) puis Ludovic Coupaye, chargé de collections Océanie, nous ont présenté cette pièce dans le même temps.
Une fine description permettait d'imaginer les dessins, les couleurs, les petits détails de l'objet, suivie d'une mise en contexte. Ces poteries Yena étaient reliées à la première des trois cérémonies célébrées afin d'assurer des récoltes d'ignames abondantes et de qualité.
C'est la longueur incroyable du nez, le nombre impressionnants d'orifices, l'incompréhension devant une forme convexe ou corolle qui semble servir de joues qui m'ont frappée dans le toucher de cette oeuvre.
Or à la vue, c'est la polychromie qui éclate, ponctuée d'une multitude points blancs, et l'étrangeté de la forme qui s'impose, à la fois fuselée et ventrue.
On ne peut pas remarquer tous les orifices qui interrogent sur l'utilisation de la poterie puisque son fond est percé et la bouche béante. Il ne pouvait s'agir de contenant.
Il semble qu'elle était fichée en terre au bout d'une pique.
(Au sujet de la communauté Kwoma, on se souviendra de l'exposition récente de peintures contemporaines, Rouge Kwoma ).
Photo : Musée du Quai Branly.