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Les «petits» avions tiennent salon

Publié le 26 avril 2009 par Toulouseweb
Les «petits» avions tiennent salonEur-Avia va s’ouvrir ŕ Cannes sur fond de récession.
Le jeudi 25 juin ŕ 12 h, un quadriplace Cirrus SR22 (notre illustration) décollera du Bourget pour accomplir un périple original : en 24 heures chrono, il visitera trčs exactement 100 aérodromes hexagonaux, exploit qui exigera jusqu’ŕ cinq décollages et atterrissages dans l’heure.
Ce coup de pub au profit de l’aviation de loisirs mettra en évidence la richesse aéroportuaire française. La France compte 42.000 pilotes privés, 600 aéro-clubs et reste un pays passionné par les choses de l’air. Mais un peu moins que dans le passé. Le dernier bilan des aviateurs par passion fait apparaître, en effet, un total de 600.000 heures de vol, ŕ comparer ŕ prčs de 850.000 heures annuelles il y a une vingtaine d’années.
Il y a lŕ matičre ŕ réflexion, voire ŕ inquiétude. Ce sera sans doute l’un des thčmes évoqués dans les allées du salon Eur-Avia qui se tient ŕ Cannes-Mandelieu du 30 avril au 2 mai. Un salon sur fond de crise, mais qui réunit quand męme une belle palette d’exposants, y compris la plupart des grands noms du secteur, ŕ commencer par les ténors américains.
Ces derniers sont mis ŕ mal par les turbulences financičres qui secouent la plančte. Ainsi, Cessna, chef de file, vient de supprimer 4.600 emplois et envisage 2.800 licenciements supplémentaires, Hawker Beechcraft a réduit ses effectifs de 2.800 personnes, Learjet suit le mouvement, etc. L’année derničre, les constructeurs américains ont livré 4.000 avions, dont 1.315 biréacteurs d’affaires, un recul de 7,1% par rapport ŕ 2007 et sans doute l’amorce d’une plongée encore plus marquée cette année.
La récession n’explique pas tout. En ces temps difficiles, l’avion redevient pour beaucoup un signe extérieur de richesse difficile ŕ assumer, remarque qui s’applique plus particuličrement ŕ l’aviation d’affaires de haut de gamme. Gulfstream et Falcon sont soudainement aussi mal vus que les primes et autres bonus qui défrayent la chronique financičre. Le Président Obama n’a pas apprécié que les dirigeants de Chrysler, Ford et General Motors, venus ŕ la Maison Blanche quémander des aides étatiques, fassent le voyage en jets privés. La critique présidentielle, cinglante, a été trčs remarquée et s’avčre destructrice…
Charles Edelstenne, PDG de Dassault-Aviation, reconnaissait il y a peu qu’il n’a d’autre choix que de piloter ŕ vue, tant la conjoncture est incertaine. Les nouvelles commandes de Falcon –il y en a malgré tout- sont annihilées par de nombreuses annulations. Mais ce n’est sans doute qu’un cap difficile ŕ passer, le retour des beaux jours devant rendre ŕ l’aviation d’affaires des lettres de noblesse qui ne sont que trčs provisoirement effacées.
Cannes se présente comme Ťle plus grand salon de l’Europe du Sudť. L’affirmation est fondée, la restriction géographique étant liée au succčs d’Aero Friedrichshafen, manifestation allemande au succčs croissant qui ne devrait pas empęcher Eur-Avia de croître et embellir. Un salon, qui se tient réguličrement ŕ Genčve, se concentre sur le seul haut de gamme et vise de ce fait un autre segment du marché.
Le rendez-vous cannois, outre les matériels exposés et une offre intéressante en matičre d’appareils de seconde main, mettra aussi en évidence la grande misčre de la construction aéronautique française. Il y a 12 mois, le groupe Apex était encore lŕ, faisant bonne figure, et personne n’imaginait qu’il était ŕ quelques pas de la liquidation. Le feuilleton judiciaire qui a suivi pourrait se terminer moins mal que ne pouvait le craindre mais, de ce côté-lŕ, il est évident que les jours heureux appartiennent irrémédiablement au passé.
On verra aussi ŕ Cannes, parmi les grands exposants, Socata nouvelle maničre, le constructeur de Tarbes ayant récemment quitté le giron du groupe EADS pour celui de l’équipementier Daher. Est-ce la promesse d’un renouveau ? Il serait prématuré de l’affirmer et il est de toute maničre peu probable que les petits Tobago et autres Tampico renaissent de leurs cendres. De ce fait, la relčve attendue par les aéro-clubs et les pilotes privés s’annonce largement américaine. Au fil du lent renouvellement du parc aérien français, on devrait assister ŕ l’importation massive de petits Cessna (dont le SkyCatcher produit en Chine), de Cirrus, Piper, et autres machines conçues outre-Atlantique.
Les espoirs de voir les industriels français revenir sur le tapis rouge et monter ŕ nouveau les marches de Cannes sont malheureusement ténus.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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