Mobilité des corps, densité des espaces urbains et architecturaux, Marc PERELMAN : Depuis la fin du XIXème siècle, la modernité a enclenché un processus irréversible où les corps vivants se déplacent dans des espaces de plus en plus réduits, difficiles d'accès, souvent pénibles aux principaux sens constamment mis en éveil (la vue, l'ouïe, l'odorat). La mobilité extrême des corps, voire l'agitation et même le grouillement auxquels la vie urbaine les soumet, a exacerbé leurs sens lors même qu'ils parcourent des territoires variés et parfois opposés à l'instar de la ville et de la campagne. Mais en ville, l'apparente liberté des corps est soumise à la pression d'un urbanisme dont tant la densité que l'étendue augmentent sans paraître pouvoir s'arrêter. A priori libérés des contraintes de la vie ancienne (sexualité libre, déplacement rapide, anonymat, etc.), l'emprise sur le corps n'en est que plus forte dans des lieux-étaux où la puissance de la muralité architecturale n'ouvre pas l'espace vers de lointains infinis mais corsète les corps dans des empilements vertigineux (gratte-ciel), sur des horizons sans limite (la ville diffuse), dans les entrailles de la terre (métro, tunnel), dans les lieux de consommation (supermarché, stade) et enfin dans les rues envahies par l'automobile, cette autre façon de loger son corps à l'étroit. LIEUX & LIENS-COLLOQUE DE CERISY-JEUDI 28 MAI 2009