Il était arrivé par une froide nuit d’hiver…
Beau garçon d’une vingtaine d’année, rentrant de son travail….
Le choc entre la voiture et sa moto avait été terrible et pourtant la vitesse n’était pas en cause…
L’accident ne lui avait pas fait de cadeau : fracture du bras, traumatisme cranien, le guidon de sa moto été venu le frapper au torse et avait provoqué un “blaste”à l’intérieur : fracture du foie, perforation de l’intestin ….
Il était arrivé dans le service peu après son intervention au bloc opératoire…opération qui avait duré des heures….
Le pronostic vital était en jeu….
L’urgence….la vraie….
Les premiers jours, entre la sédation qui le maintient dans un “coma artificiel” pour éviter qu’il ne souffre trop, l’intubation, et les différents redons qui sortent de son corps, pas le temps de s’apitoyer sur son sort : l’urgence domine….
La sédation est baissé par moment, pour juger de son état de conscience et voir si le traumatisme crânien a provoqué des lésions, le contact se fait par les yeux : il nous comprend mais ne peux pas nous répondre, le tuyau qui l’aide à respirer l’en empêche.
Sa mère et sa fiancé arrivent dans la journée, effondrées….il nous faut les réconforter mais tout en leur expliquant la situation : très réservé….
Et puis des complications s’enchainent : agitation, fièvre, saignements ….
Les examens suivent à grande vitesse : scanner, ré-intervention pour combler les saignements, augmentation de la sédation…
Un mois s’est écoulé ….
Le contact ne se fait toujours pas…..
après scanner l’annonce tombe : le cerveau n’est pas touché….
La sédation est levée, il faut attendre qu’il se réveille….
dans le calme….
Des photos de famille décorent désormais les murs blancs de la chambre, des dessins d’enfants se touchent…..présence que la vie à l’extérieur continue aussi….
Le contact est presque maternel….son prénom est prononcé à chaque soin….comme un appel….
“rêveilles toi….
et le miracle se produit….deux mois et demi après son terrible accident, il ouvre les yeux et nous regarde….inquiet…
Il faut lui expliquer tout ce qui lui est arrivé : l’accident, les interventions (ablation de la vésicule biliaire, ablation d’une partie de l’intestion…..) et la durée de son séjour….
Les larmes coulent de son visage….une caresse les essuie, et nous lui parlons encore et encore :
“ne t’en fais pas, tu as fais le plus gros…..tu es fort et courageux….nous sommes là et ta famille aussi….tu as plein de personnes qui t’aime autour de toi….courage….”
3 mois se sont écoulés depuis cette “fameuse nuit”, le tuyau d’intubation a fait place à une trachéotomie, plus facile à sevrer….les redons sont uns à uns enlevés, la fièvre enfin tombée…
Cet après midi là, au moment de la visite des familles, sa mère et sa fiancé ont la surprise de le trouver au fauteuil, fier et souriant….
Il ne nous parle pas encore, mais rit à nos blagues “débiles”…
Et puis un matin, après plusieurs jours d’absence….la peur…….
La chambre est vide……
Le regard se fait interrogateur, la question n’ose pas être posée….
“qu’est-il arrivé ? où est-il ?”
“il nous a quitté…
pour le service de chirurgie et ensuite de la rééducation …..”
La réa ça se passe aussi comme ça …..;-)