Je ne pensais pas que ça m'arriverait de partager mon home sweet home avec bibiche. C'est la crise économique qui a incité un de mes ex amants à revenir pointer le nez chez moi et y vivre. J'avais déjà raconter là comment Jérôme, mon ex trader devenu SDF est venu s'installer dans mon studio.
Quand un homme et une femme partage un lit une place, il arrive forcement des trucs pas très catholiques. Le type en général se barre au petit matin voire après l'acte mais là pas le choix. Chez moi, c'est chez lui. Et croyez- moi ça change tout.
Imaginez, vous êtes en couple mais chacun chez soi. Ça ne fait qu'un mois que vous sortez ensemble. Il vous a dragué à mort. Vous daignez enfin sortir avec lui.Tout se passe comme sur des roulettes. Il vous dit que vous êtes géniale, sensuelle, idéale. Vous vous vantez auprès de vos copines que cette fois, c'est le bon. Un soir ou un matin, votre chéri vous dit au revoir comme d'habitude et ne vous rappelle plus jamais. Vous le harcelez au téléphone pour qu'il s' explique. Il a changé son numéro de téléphone. Si c'est votre voisin de pallier, vous pouvez toujours dormir son paillasson jusqu'à ce qu'il daigne donner ne serait ce qu'une foutue explication mais il s'enferme. Il ne parlera pas. C'est un scénario que je connais par coeur. j'ai tenté toute les stratégies. Coucher, m'abstenir, avec ou sans la langue. Rien à faire au bout de 30 jours, 5H et 23 minutes, baise ou pas baise, l'homme se tire s'en aucune explication. Il a honte de s'expliquer comme si j'étais sa mère et qu'il ne voulait pas me faire de mal alors qu'en fait son silence, son obstination à ne pas rompre franchement avec moi me fait un mal de chien pire encore.
C'est ce qui était arrivé avec Jérôme. Il s'était barré sans aucune explication après deux mois de pseudo- relation. Il venait, il me prenait il partait et rebelote. Ayant découvert par hasard qu'il vivait dans une voiture, je lui ai proposé de partager mon humble demeure. On a pas tardé à faire crac- crac, promiscuité oblige et le lendemain, bizarrement il était encore là. Non pas parce qu'il m'aimait mais il n'avait pas le choix. Des fois, on s'est disputé et ça aurait été un prétexte suffisant pour ne plus le voir revenir mais quand l'homme ne peut aller nul part ailleurs que chez vous, ça rallonge l'existence d'un couple.
Après le crac- boum- hue, on s'est dit. Ok on a fait crac- crac, mais on est pas ensemble. On est pas en couple. On est juste friends fuckers. (je déteste ce terme mais bon)On s'est vite rendu compte que c'était débile. Un soir, j'étais sorti dîner avec un collègue du boulot et quand je suis rentrée, il m'a fait une scène comme si il était mon mec. Je lui ai dit qu'on était pas ensemble même si on faisait l'amour ensemble. Il m'a dit:
"On ne peut pas être friend fuckers si on vit ensemble. On dit qu'on est un couple jusqu'à que je me trouve un appart, Ok?
_Ok, bébé!
Il a crû bon d'ajouter:
_On ne vivra jamais pour toujours tous les deux mais on se désire, c'est déjà pas mal.
Après, il m'a conté l'histoire de ses grands- parents qui eux ne se connaissaient pas avant leur mariage. Pourtant, ils ont eu 9 gosses alors qu'ils faisaient chambre à part mais ça s'est arrangé depuis. Ils partagent le même caveau au Père Lachaise. Il m'a donné des tas d'exemples de copains, copines vivant et restant en couple par habitude mais pas par amour. Ce serait même une majorité dans le monde.Très rassurant!
On fait les courses ensemble. Ça l'énerve que je passe une plombe à comparer les prix. Ça a l'air de rien mais jamais je n'aurais imaginé acheter mon camembert avec Jérôme l'amant de quelques soirs. Je le découvre sous un autre jour.On est aussi allé à Bricorama parce qu'il veut retapisser la chambre à son goût. Quand je lui ai dit que ça ne servait à rien puisque bientôt il retrouverait un emploi et qu'il retrouverait un autre appart' et sa liberté chéri, son regard s'est rempli de nostalgie. Il a bredouillé en reposant les rouleaux sur les rayons:
_ Ah oui, c'est vrai! C'est fou comme finalement on s'y fait vite à la vie de couple. Mon dieu, ça craint!
Mais je ne me fais pas d'illusions. Je suis triste et énervée. Hier soir, on était à Leclerc. On s'est retrouvé dans la partie puériculture et il a trouvé un petit lit bébé en bois super joli. Puis il m'a regardé droit dans les yeux intensément. Comment ne pas comprendre? C'était trop beau pour être vrai. J'aurais bien vécu encore un peu avec lui. Quelle est la salope qu'il a engrossé pendant que je me tue au boulot avec des collègues sympas mais pas assez baisables à mon goût?
Je suis écoeurée. Si au moins, en ce dimanche, il y avait l'école des fans pour me détendre mais Jacques aussi m'a lâché. Je vais me passer un glaçon sur mes paupières gonflées d'avoir trop pleuré. Il va rentrer du foot et je lui ai déjà préparé ses valises. Il aura plus qu'à les mettre dans sa voiture pourrie et s'installer chez sa connasse.