Il est temps comme promis il y a déjà longtemps, de parler ici des Indiens. Ceux avec des plumes et non un turban, ceux que nous devons à Colomb alors que ce nigaud s'était égaré. Pourquoi les Indiens ? Parce qu'ils me ramènent à mon enfance et que rien n'est plus doux pour moi que d'évoquer cette époque qui constitue je m'en aperçois, le fonds de commerce de ce blog.
Quand j'étais gamin dans les années cinquante nous jouions aux cow-boys et aux indiens, je suppose qu'aujourd'hui ils ont été remplacés par des superhéros ou des personnages de StarWars. Notre jeune imagination ne pouvant s'appuyer que sur les exemples fournis par nos illustrés comme Kit Carson ou surtout les westerns, ce genre cinématographique très en vogue encore dans ces années cinquante. John Wayne, Gary Cooper, Burt Lancaster seront mes premiers héros, La chevauchée fantastique, La prisonnière du désert, Le vent de la plaine mes premières visions des grands espaces et les Indiens les premiers « étrangers » que je verrai. Les cow-boys étaient blancs et à part leur révolver, ils ne m'étonnaient pas trop, ils ressemblaient à mon entourage en quelque sorte. Alors que les Indiens, à moitié nus, emplumés souvent, le corps peint et leurs cheveux longs avaient tout de l'étrange et du mystérieux, en plus ils ne parlaient pas français et John Wayne devait parfois avoir recours à un interprète, selon les films, pour se faire traduire les paroles de Géronimo. Hugh !
C'est dans Pilote « mâtin quel journal » que j'ai commencé à aborder la culture Indienne. Je me souviens d'un « Pilotorama » qui leur était dédié. Je vois vos sourcils se dresser, le « Pilotorama » était la double page centrale du journal qui abordait chaque semaine pour les enfants un sujet dans un but culturel, sous forme d'un plan, d'un grand dessin ou d'une carte. Pour les Indiens il y avait une carte des Etats-Unis et la répartition géographique des tribus. Les Apaches en Arizona, les Séminoles en Floride, les Iroquois à New York, les Navajos au Nouveau Mexique, les Cherokee en Oklahoma, les Commanches au Texas et les Cheyennes au Wyoming pour ne citer que les tribus les plus connues. Voilà qui commençait à préciser les idées. Les Indiens n'étaient pas un, mais tout un ensemble de tribus, de peuples aux coutumes qui différaient, les uns avaient des plumes, d'autres non, certains les cheveux longs, d'autres une bande centrale au milieu du crâne.
A partir de maintenant les Indiens n'étaient plus seulement les adversaires des cow-boys, les faire-valoir des Tuniques Bleues, ils étaient aussi un peuple avec ses traditions, ses croyances, ses souffrances. Buffalo Bill et Custer passaient du rôle de gentils au rôle de gros cons, les westerns n'étaient plus que du folklore véhiculant le plus souvent une idéologie plus que discutable. J'ai commencé à m'intéresser à leurs religions, leur vision du monde où l'Homme n'est qu'une part infime de la Nature, où son rôle n'est pas plus important que celui du bison ou de l'herbe verte qui pousse dans la plaine. Leur cosmogonie en vaut bien d'autres plus répandues et collait mieux avec mes espoirs de pré-adolescent. Je lisais Thoreau, les Hippies et mai 68 passèrent. Les Indiens pouvaient incarner nos rêves de liberté, ils n'étaient pas un projet mais une réalité en phase d'extinction.
« Mon peuple est rare. Il ressemble aux arbres épars d'une plaine balayée par la tempête... Il fut un temps où notre peuple couvrait cette terre comme les vagues d'une mer agitée couvrent le sol pavé de coquillages. Mais ce temps est bien passé et la grandeur des tribus n'est plus qu'un souvenir funèbre... »