J'avoue être assez indifférente au changement d'heure. Et pourtant ...
Cette année encore, nous avons dû avancer nos montres d'une heure pour le passage à
l'heure d'été. Ce décalage forcé fait peut-être économiser de l'électricité, mais en contrepartie, ce sont nos organismes qui se consument.
Le 18 mars dernier a eu lieu la "journée nationale du sommeil", patronnée par le ministère de la santé. L'objectif de cette journée
était fort louable : sensibiliser les français à la gravité des troubles du sommeil et leur enseigner la nécessité d'un sommeil régulier et réparateur. Coïncidence, dix jours plus tard, nous
avons été privés d'une heure de sommeil pour le passage à l'heure dété..
On sait que l'organisme est régi par une horloge interne, elle-même liée à la rotation de la Terre et à la succession du jour et de
la nuit. L'impact sur la santé des deux heures de décalage par rapport au Soleil a d'ailleurs été mesurée scientifiquement. L'étude Euclock, par exemple, menée au niveau européen sur l'analyse du
sommeil de plus de 50 000 personnes confime dans ses premières conclusions que "l'horloge circadienne ne s'adapte pas facilement au changement imposé par l'heure d'été. L'impact d'une heure est
bien plus fort qu'on ne le pense dans le contexte des changements saisonniers. C'est notamment vrai pour les couche-tard". Pour sa part, le Dr Marie-Françoise Vecchierini, spécialiste du sommeil
rattachée à l'Hôtel-Dieu, estime que ce changement peut favoriser un temps de sommeil insuffisant, notamment chez les sujets sensibles.
Plusieurs mécanismes sont en effet chamboulés. L'horaire avancé dérègle la production de mélatonine, l'hormone qui régule le sommeil
et qui est produite par le cerveau sous l'effet de l'obscurité. Il perturbe aussi la sécrétion de l'hormone du réveil, le cortisol, sécrété entre 5 et 8 heures (heure solaire).
Mais il y a plus grave : tout récemment, une recherchede l'institut Karolinska de Stockholm a permis de montrer que les crises
cardiaques augmentent de 5% dans la semaine suivant le passage à l'heure d'été. "Les résultats suggèrent que même des petites perturbations dans le cycle du sommeil peuvent affecter le coeur",
explique Rickard Ljung, à l'origine de l'étude. Des résultats significatifs puisqu'ils concernent toute la population suédoise suivie pendant vingt ans... Pour l'instant, les pouvoirs publics
français n'en ont cure et ce bien qu'en Europe seulement 5 pays sur 27 vivent avec une avance de deux heures par rapport à l'heure solaire moyenne de leur fuseau horaire.