Je vous propose de vous laisser "prendre" par une photo que m'a transmise Arthur. Non pas pour écrire un texte "moral" sur la pauvreté, mais pour écrire VOTRE texte à vous que vous inspire cette photo. Et pour vous compliquer la tâche (oui, vous savez que j'adooooooooore ça!), voici une phrase d'incipit "chipée" à Philipe Claudel, (auteur à lire de toute urgence) dans son livre "J'abandonne" (dur dur) paru en collection folio : "Le samedi, c'est plus tranquille. Il y a moins de monde." (p56)
Le samedi c'est plus tranquille. Il y a moins de monde. C'est le jour ou jamais pour partir. Les gosses sont prêts ? Dépêchez-vous, vous allez nous faire repérer. Allez, fais pas cette tête, on a rien à se reprocher. Ce sont eux les voleurs. Ils nous ont volés notre vie, notre bonheur, notre liberté. Allez viens, on s'en va.
Jamais je ne me suis habitué à voir la femme que j'aime vivre dans ce taudis. Tu mérites mieux que ça ma beauté. Combien de temps avons nous pourri dans cette cage ? Je ne sais plus. Cinq ans ? Cinq ans déjà ? Ce n'est pas possible. Cinq années à mourir sa vie tous les jours, à quatre dans dix mètres carrés. Avec l'espoir d'une vie meilleure qui s'en va tous les soirs davantage. Allez viens, on s'en va.
Mais tout ça c'est fini. On s'en va. Oui je sais, je l'ai volé cette caravane. Oui je sais, ce ne sera pas le grand luxe, mais nous aurons au moins la route comme refuge,l'espoir comme bagage et le soleil pour témoin. Allez viens. I l est temps. On entend presque plus les voitures. Il sont déjà tous partis. Viens, allez, c'est aujourd'hui qu'on s'en va. Le soleil est magnifique, on roulera le plus longtemps possible. Et ce soir, je te prendrai en photo devant notre nouvelle maison.