Il m’est arrivé un truc étrange à la gare de Valence. J’avais plus d’une heure d’attente pour attraper peinard mon TGV direct pour Tours. A l’heure dite, je me rends au quai ad hoc, le TGV était là, je vérifie sur l’écran : direction Nantes, arrêt Saint-Pierre-des-Corps, parfait, je monte, je m’installe, le train démarre (pile à l’heure) et j’ouvre le dernier Emmanuel Carrère – un chef-d’œuvre, comme d’habitude. Prête à savourer sa prose avec délectation, je tends mon billet distraitement au contrôleur qui m’annonce, limite désagréable, que je ne suis pas dans le bon TGV – encore une qui s’est plantée. Comment ça ? je lui réponds. Vous allez à Paris, qu’il me dit. Je vous passe les détails de son argumentation, qui restera un mystère pour le restant de mes jours, mais j’ai parfois l’impression de vivre dans la quatrième dimension. Je vérifie tous les paramètres (pouls, température de l’air, sens du vent, points cardinaux…), je prends mon temps (pour une fois) et paf, un grand train me fait sortir de mon p’tit train-train de vacancière insouciante (euh, pas vraiment en fait, mais faisons comme si). Qu’à cela ne tienne, je n’ai pas tout perdu : j’ai invité Philippe et Martine à dévorer une andouillette 5A avec un p’tit pichet de vin dans une brasserie sympa recommandée par Faustine, près de la gare de Lyon, avant de sauter dans mon omnibus noctambule, via Orléans et Blois. Dis, quand est-ce qu’on arrive ?