Actualité de Hannah Arendt

Retour sur une œuvre et une pensée qui me travaillent depuis plusieurs années.

Œuvre difficile à aborder tant Hannah Arendt s’est peu préoccupée de la rendre accessible à travers ses livres. Livres issus pour la plupart de conférences et séminaires et dans lesquels manquent donc la présence et l’attention dont elle savait remarquablement faire preuve d’après tous les témoignages. Présence et attention dont nous pouvons nous faire une idée à travers deux entretiens télévisés rediffusés en 2006 sur Arte. Des extraits sont disponibles sur ce blog.

Œuvre difficile tant sa mise à disposition du public français s’est faite dans le désordre, le plus souvent sans appareil critique et avec comme intermédiaire des philosophes pas toujours soucieux de sortir cette pensée d’un domaine dans lequel Arendt ne souhaitait surtout pas être enfermée. Deux exceptions avec la publication dans un même volume en 2002 des Origines du totalitarisme et de Eichmann à Jérusalem[1]. L’édition est dans ce cas remarquable mais le livre fait plus de 1 400 pages…Autre exception, avec la publication en 2005 en deux volumes du Journal de pensée[2], avec les mêmes difficultés d’accès.

Face à ces difficultés et à mon envie persistante de faciliter l’accès à cette œuvre, après plus de deux ans de publication de billets sur Internet à travers trois blogs[3] dont celui-ci, j’ai identifié et choisisix domaines, « fils de pensée », en lien direct avec les questions que pose notre époque. Ces fils de pensée structurent maintenant mon travail sur la pensée d’Arendt et me permettent de l’intégrer à ma recherche d’ensemble sur comment « Agir dans et sur notre monde ».

Deux fils de pensée centrés sur le monde :

• Le travail et la durabilité du monde, ou comment le travail aujourd’hui, bien loin de consolider le monde, le fragilise et contribue à rendre la condition humaine de plus en plus difficile et incertaine. Livre central : Condition de l’homme moderne[4].
• L’éducation et le renouvellement du monde, ou comment les « nouveaux venus », portent en eux la capacité d’innover et de remettre le monde en place. Livre central : La crise de la culture[5].

J’ai fait un premier travail sur ces deux fils à travers deux séries de billets disponibles sur ces blogs.

Quatre fils de pensée centrés sur l’action, cette activité propre aux hommes, porteuse de leur humanité, de leur puissance mais aussi de leur impuissance :

• L’action scientifique et la nature ou comment les hommes en imitant les processus naturels ont permis des progrès considérables mais aussi déclenché des forces qui les dépassent. Livre central : Condition de l’homme moderne mais probablement aussi d’autres textes à découvrir.
• L’action politique et la pluralité ou comment la puissance, le pouvoir, naissent de l’action de plusieurs, à la fois semblables et différents, et non de la domination d’un seul ou de quelques-uns. Livre central : Essai sur la révolution dont une nouvelle traduction en français m’a été annoncée par Gallimard.
• L’action politique et la liberté ou comment « la raison d’être de la politique est la liberté et son champ d’expérience est l’action ». Citation tirée de l’essai « Qu’est-ce que la liberté ? » publié dans La Crise de la culture. Livre central : Essai sur la révolution.
• L’action et la responsabilité humaine ou comment assumer la responsabilité face à la fragilité des affaires humaines. Thème dispersé tout au long de l’œuvre d’Arendt et sur lequel vient d’être publié un livre passionnant[6].

Concernant ces quatre derniers fils je n’ai fait, au mieux, que publier quelques billets épars. Le travail de fond est intégralement à mener.

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[1] Volume Quarto des éditions Gallimard

[2] Éditions du Seuil

[3] http://tto45.blog.lemonde.fr/; http://tto45arendt.unblog.fr/; http://www.mediapart.fr/club/blog/Thierry+Ternisien+

[4] Agora/Pocket

[5] Folios essais

[6] Truc, Gérôme. Assumer l’humanité. Hannah Arendt : la responsabilité face à la pluralité. Éditions de l’université de Bruxelles.

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