« La Tunisie est absente : il est à remarquer que le nouveau émissaire américain pour la région du Proche-Orient, George Mitchell, a visité le Maroc et l’Algérie avant d’entamer une tournée au Proche Orient. Mais il n’a pas visité la Tunisie, après que ce pays fut une destination incontournable pour les hauts responsables internationaux concernés par la question palestinienne durant l’accueil de la ligue arabe et l’OLP ».
Voilà se qu’on pouvait lire, le vendredi 24 avril, dans un hebdomadaire arabophone politique tunisien, El Mokef, dans son numéro : 495.
On assiste à un véritable détournement des faits , alors qu’ici même , j’ai parlé de la visite de M. George Mitchell, l’émissaire spécial américain pour la région du Proche-Orient, à Tunis le mercredi 15 avril 2009 et son entrevue avec le Premier ministre tunisien, Mohamed Ghannouchi. Une rencontre, lors de laquelle, l’émissaire américain a noté que la paix au Proche-Orient est un "objectif commun" que partagent Tunis et Washington (1).
Mais voilà qu’un hebdomadaire radical, qui est idéologiquement hostile au processus de Paix au Proche Orient et qui soutien en même temps l’Islamisme avec tous ses combats planétaires est prit aujourd’hui en flagrant délit de désinformation en présentant un fait fallacieux que George Mitchell, a visité le Maroc et l’Algérie mais pas la Tunisie !
George Mitchell, l’émissaire spécial américain pour la région du Proche-Orient, est arrivé en Tunisie le Mercredi 15 avril 2009 à 14 :00 (GMT). Quelques minutes après, il était reçut au siége du gouvernement tunisien, à El Kasbah, par le Premier ministre tunisien. La rencontre a durée 50 minutes à la fin de laquelle, l’émissaire spécial américain a fait une déclaration rapportée par l’agence officielle TAP que la paix au Proche-Orient est un "objectif commun" que partagent Tunis et Washington. Il a ajouté qu’une une telle paix devrait inclure une solution du conflit israélo-palestinien sur la base de l’établissement de "deux Etats indépendants, vivant côte à côte en paix et en sécurité". Mitchell a dit avoir eu des entretiens "excellents" avec le responsable tunisien, auquel il a transmis les salutations de Barack Obama au président tunisien Zine El Abidine Ben Ali.
Vers 15 :20 (GMT), l’émissaire américain était de retour à l’aéroport de Tunis Carthage. Il se dirigeait le soir même vers Tel Aviv pour une tournée en Israël puis dans les territoires palestiniens.
La visite de Mitchell était très constructive dans la cadre des consultations permanentes .Les deux pays soutiennent fermement l'objectif de deux États. La Tunisie, en tant que pays ami des Etats-Unis, est soucieuse de relancer le processus de paix sur la base de la (feuille de route) du quartette et de l'initiative de paix arabe prévoyant deux Etats avec deux peuples libres et indépendants.
Mais comment des journalistes oseraient t-ils détourner les faits de la sorte, à présenter un fait fallacieux et dire que George Mitchell, a visité le Maroc et l’Algérie mais pas la Tunisie ?
Cet hebdomadaire tunisien, a l’habitude de faire des traitements compassionnelles des informations (au niveau local comme international). Mais cette fois, il a trouvé cette idée originale d’informer, tout simplement les lecteurs, que l’émissaire américain n’a pas passé par la Tunisie dans sa tournée en Afrique du Nord. Cela permettra aux lecteurs, les moins avertis, de conclure que la Tunisie n’a plus de rôle à jouer dans le processus de Paix au Proche Orient. Et de ce fait ; elle n’a plus rien à dire dans le camp des pays arabes modérés. Donc le pays pourra rejoindre l’autre camp, celui de l’axe syro-iranien, et là la Tunisie pourra retrouver sa place!!!
La désinformation consiste à propager des informations fausses pour influencer une opinion et affaiblir un camp. Réagissant ainsi, l’hebdomadaire arabophone a tenté de discréditer le rôle joué par la Tunisie dans le processus de paix et en même temps influencer les lecteurs que Washington n’a plus de soutien (au moins de la Tunisie) en Afrique du Nord dans ses efforts pour relancer les négociations.
Ce qu’a fait cet hebdomadaire arabophone est une manipulation de l’opinion publique à des fins politiques à la veille des élections présidentielles en Tunisie. La désinformation inquiète parce qu’elle contribue à forger une idée incorrectes à partir de faits manipulés. Le conflit israélo-palestinien, qui est le plus médiatisé des conflits, est utilisé ici comme un moyen d’affaiblir le camp politique adverse. Nous avons déjà vu comment cet hebdomadaire soutenait les manifestations violentes et les débordements dans les rues, au début de l’année, pour exploiter à merveille les tristes événements de Gaza.
Cette information trompeuse sur la visite de George Mitchell, vise à l'évidence à mettre à mal le rôle joué par la Tunisie dans la paix au Proche-Orient. C’est une tentative de ridiculiser le rôle de ce pays qui a surtout apporté une contribution active dans la mise en route du processus de paix israélo-palestinien à Oslo, en 1993.
La désinformation pose la question évidente de l’indépendance de ces médias, et par voie de conséquence de la vérité de ce que les journalistes présentent ou plus exactement représentent.
L’engagement politico journalistique de cet hebdomadaire a fait de lui qu’il soit sans crédibilité et qu’il déshonore, à chaque occasion, la déontologie journalistique. Si nous faisons le décompte macabre des informations capricieuses diffusées par cet hebdomadaire chaque semaine, nous allons nous retrouver devant un déluge de désinformation mensongère diffusé en boucle et martelé à l’extrême.
Avec cette grave manipulation, visant à occulter la visite de l’émissaire spécial américain pour la région du Proche-Orient à Tunis, l’hebdomadaire, El Mokef, aura brillé par sa mauvaise foi dès qu’il s’agit de traiter les questions tunisiennes ou celles du Proche Orient.
Sa propagande éhontée contre le régime tunisien modéré, a fait de lui qu’il soit le champion national de la désinformation avec ses articles souvent calamiteux.
Tiens, cet hebdomadaire est depuis longtemps auto proclamé comme un journal de référence en matière de Droit de l’Homme. Mais voilà, avec ce qui s’est passé à Genève au cours de la fameuse réunion des droits de l’homme dite « Durban 2 », qui ne mérite que l’indignation, la colère et le dégoût, cet hebdomadaire prend la défense d’Ahmadinejad et trouve même des justifications à son discours haineux à la tribune de l’ONU.
Pour cet hebdomadaire tunisien, l'Iran d'Ahmadinejad ressemble à une oasis de Droit de l’Homme. Il ne vous dira pas qu’en Iran on ampute les membres; on lapide les femmes; on réprime la liberté d'expression et d’opinion et on emprisonne des journalistes.
Cet hebdomadaire, qui se pose comme un donneur de leçon dans les questions des droits de l’Homme, a même consacré, dans son dernier numéro, deux grandes pages pour défendre le régime tortionnaire d'Ahmadinejad qui détient le record mondial du nombre de pendaisons publiques et d'exécutions.
Comme il a mentit sur la visite de l’émissaire spécial américain pour la région du Proche-Orient en Tunisie, cet hebdomadaire ne vous dira pas qu'Ahmadinejad a été un tortionnaire et un interrogateur à la prison d'Evine pendant les années 80 sous la fausse identité de Mirzaï. Il ne vous dira pas que cet homme dirigeait la section d’Evine, pour emmener des prisonniers sous la torture et qu’il a participé au massacre de centaine de prisonniers politiques en Iran.
Les journalistes de cet hébdomadire tunisien ne trouvent le courage que de condamner les avancées de ce leur pays, qui apparaît à bien des égards comme un des pays musulmans les plus ancrés dans la modernité: condition féminine, progrès économiques, ouverture sur l’Occident et le reste du Monde, la petite Tunisie est un exemple surtout par rapport à ses voisins directs. Mais cela ne plait pas forcement à tout le monde et surtout à cet hebdomadaire qui est devenu un organe de propagande des plus extrémistes.
Tout en exprimant sa complaisance avec le régime intégriste d'Ahmadinejad, cet hebdomadaire a affiché son accord de principe avec la diatribe antisémite du président iranien à la tribune de l'ONU. C’est normal, les antisémites et les désinformateurs sont toujours les mêmes personnes !
Mais fort heureusement que la Tunisie officielle n’est pas antisémite. Pas seulement la Tunisie d’ailleurs. Après le discours raciste d’Ahmadinejad, lundi dernier 20 avril, personne ou presque n’a relevé que les délégations jordanienne et marocaine ont quitté la salle avec les pays européens lorsque Ahmadinejad a prononcé ses versets sataniques. Cela est un lieur d’espoir qui montre que les factions extrémistes, qui incitent à la haine et à la poussée immanquable du terrorisme, n’ont pas d’avenir dans le monde arabe.
A part la pratique de la désinformation et la complaisance avec les régimes intégristes, cet hebdomadaire fait aussi une sélection malhonnête sur les informations .Exemple ? Le 24 mars dernier , dans la ville arabe israélienne d'Oum el-Fahem, une manifestation de l'extrême droite avait provoqué la colère de la population et entraîné des heurts avec la police israélienne. Cette information était rapportée avec tous les détails et exagérations possibles.
Néanmoins, lorsque le 5 avril, plusieurs centaines d'Israéliens, juifs et arabes, ont manifesté "pour la coexistence", dans la même ville, tu ne trouveras aucune trace de cette information apaisante sur cet hebdomadaire. Ce rassemblement a été organisé en réponse à la manifestation de l'extrême droite dans cette localité le mois dernier. Les manifestants, qui ont déroulé une banderole sur laquelle était marqué "paix coexistence et fraternité", ont été accueillis avec des fleurs par les habitants "Vous êtes tous nos hôtes, juifs ou arabes, laïcs ou religieux", a déclaré aux manifestants le maire de la ville, Mahmoud Mustapha, dans un discours de bienvenue.
Dans ce même hebdomadaire tunisien , qui nie la réalité du passage en Tunisie de l’émissaire spécial américain pour la paix , on ne vous dira pas que la grande majorité des Israéliens et des Palestiniens veut vivre en paix côte à côte dans des États distincts . Publiés le 21 Avril, les résultats du sondage, commandé par le mouvement OneVoice indique que 74% de Palestiniens et 78% d’Israéliens sont prêts à accepter une solution à deux États. Le sondage a été mené par Colin Irwin, de l’institut d’Études irlandaises à l’université de Liverpool, Nader Saïd de l'Arab World for Research and Development in the West Bank, et l’institut de recherche Dahaf à Tel-Aviv (2).
Si plusieurs informations sont occultées, et d’autres vérités détournées, c’est parce que cet hebdomadaire tunisien (comme bien d’autres dans les pays arabes) est frappé par la médiocrité de la désinformation. Le traitement compassionnelle, cher à certains médias arabes, n'apportera pas aux non inities les clés de comprendre certains problèmes.
La pratique de la désinformation est un thème à la mode aujourd’hui chez certains journalistes pourris qui ne font que de la propagande en faveur des islamistes barbus qui imposent leur trique moyenâgeuse à Téhéran ou à Gaza.
On voit ainsi comment on fait du "journalisme" aujourd’hui : mensonges, désinformations, sélections des informations, collecte de ragots, de préférence contre la paix, pour "alimenter" la haine.....et contribuer à sa propagation …
Avec ceux qui ont choisi le journalisme pour servir la cause de extrémiste, certains médias sont
devenus des instruments de propagande et non plus d’information. Nous avons ici un triste exemple. C’est pour cela que nous devons avoir un regard critique et
n’avons pas à nous laisser manipuler.
Ces gens sont des militants primitivement pros islamistes et antisémites, on l'a compris déjà depuis un certain nombre d'années. Et si leur mensonge est répétitif, le rétablissement de la vérité doit l’être aussi .Rétablir la vérité est un travail sans fin, comme arracher la mauvaise herbe à mesure qu’elle pousse. Et malheureusement, on n’a pas encore mis au point le désherbant anti-mensonge.
Ftouh Souhail, Tunis
(1) Voir notre article intitulé : « La paix au Proche-Orient : un objectif commun de Tunis et Washington » http://www.drzz.info/article-30364671.html
(2) D’après son site Internet, OneVoice vise à rapprocher les Israéliens et les Palestiniens ; le mouvement plaide en faveur d’une solution à deux États et pour “faire entendre puissamment la voix des modérés parmi les Israéliens et les Palestiniens, leur donnant la force de reprendre la main dans la résolution du conflit”. C’est la raison pour laquelle les États-Unis soutiennent fermement l'objectif de deux États. C'est l'objectif des Palestiniens et des Israéliens et des gens de bonne volonté dans le monde.