CHERI
Léa, courtisane à l'aube de la retraite, s'offre une petite liaison avec le jeune "Chéri", son filleul. Quand, au bout de six ans, celui-ci doit se marier à une jeune héritière, chacun va alors prendre conscience de ses véritables sentiments envers l'autre.
C'est avec une maëstria peu commune que Stephen Frears traite cette histoire romantique en costumes, loin de tout académisme. Sous les décors et les frous-frous se cachent de véritables personnages subtilement dessinés. Le montage vif et les dialogues enlevés donnent un rythme trépident rare dans ce genre de films.
Asseyant son histoire avec grâce et humour, Frears vire peu à peu vers le drame sans tomber dans le piège du mélo.
Point d'orgue, un trio d'acteurs enchanteurs avec Kathy Bates en vieille rombière à langue de vipère, le jeune Rupert Friend, Louis Garrel anglais, impose avec délice son mélange de dandisme et de candeur et Michelle Pfeiffer trouve depuis longtemps un rôle à la mesure de son talent.
THE CHASER
Un ancien flic devenu proxénète se lance à la recherche de l'homme qui enlève et tue une à une ses filles.
Le coréen Na hong-Jin, pour son premier film, réalise une grande oeuvre.
Sur un sujet pourtant rabaché, il réinvente le style, injectant de la personnalité dans un registre cinématographique usé jusqau'à la moëlle.
Si le film emprunte quelques chemins connus, mais obligés du genre, c'est pour mieux se les approprier.
Apocalyptique et violent, le film ose quelques échappées dans l'humour qui pourraient être déplacées ailleurs mais qui, ici, sont au service de l'histoire et des caractères.
FROST / NIXON
Ron Howard n'est pas un "grand" réalisateur, on le sait depuis longtemps. On le qualifierait plutot de bon "faiseur".
La preuve en est faite une fois de plus avec ce film relatant l'histoire de l'interview du Président Nixon après sa démission suite au scandale du Watergate par un journaliste plus habitué aux émissions aux émissions de divertissement qu'aux débats politiques.
Le film, à l'origine d'une pièce de théâtre, a la bonne idée de nous conduire dans les coulisses des préparations de l'évènement et évite ainsi l'écueil du huis-clos oppressant et ennuyeux.
Mais s'éloigne aussi, du même coup, de la tension de l'interview qui ne prend finalement qu'un tiers du film.
La mise en scène reste académique mais le montage assez alerte pour rester efficace.
Le plus du film est bien sûr le face à face de deux grands acteurs : Frank Langella dans la peau de cet ex-président face à ses erreurs et Michael Sheen, déjà formidable en Tony Blair dans "The Queen", en journaliste que rien n'arrête.
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