Khalil Gibran

Publié le 26 avril 2009 par Musique
Khalil Gibran est à travers le monde l'ambassadeur de la littérature arabe, et est de loin l'auteur arabe le plus lu et le plus traduit dans le monde même en ayant Vécu la majeure partie de sa vie, entre Paris et les Etats-Unis.
Après une éducation cosmopolite et raffinée, acquise entre le Moyen-Orient, la France et les États-Unis, Khalil Gibran s'installe définitivement dans ce dernier pays en 1910. Ses vers, composés dans un style allégorique proche de celui de la Bible, ont été plébiscités par des générations de lecteurs du monde entier.

Animateur d'un cercle intellectuel dont l'objectif était de rénover la poésie arabe, Gibran - qui a publié également des romans de critique sociale, comme les Âmes rebelles (1908) - a écrit certains de ses ouvrages en anglais, avant de les traduire en arabe, et certains autres directement en arabe (les Ailes brisées, 1911).

Khalil Gibran est né en 1883 et mort en 1931; il découvre après un voyage à Boston la littérature et les arts. En 1902 et 1903, il perd beaucoup d’êtres chers, pourtant son talent artistique s’affirme. Il peint et écrit. Protégé de Mary Haskell, il engage une correspondance que seul la mort arrêtera. Il se fait déjà, en 1905, l’avocat des écrivains qui rompent avec la tradition écrite arabe. En 1908, il publie les « Esprits rebelles » que l’Eglise maronite juge hérétique.
Gibran décide de venir à Paris pour étudier les beaux-arts.. Il s’installe définitivement à Boston d’où il débute une correspondance avec l’écrivain libanaise May Ziyada qui vit en Egypte. Gibran fonde avec d’autres écrivains arabes le Cénacle destiné à secoué la « langue » et de traduire tous les auteurs qui le méritent.
En 1923, il publie le livre qui le fera connaître du monde entier : « Le prophète »
Il meurt le 10 avril 1931 après avoir écrit des poèmes et des méditations qui ont eu une énorme résonnance en occident et en orient. Ces textes empreints de symboles et de spiritualité amèneront le lecteur vers ses profondeurs et la sagesse.
Il dit de lui même : « Je suis venu afin de vivre dans la gloire de l’Amour et dans la lumière de la Beauté, qui sont les reflets de Dieu. Sur cette terre je vis, et personne ne peut me chasser des sphères de la Vie. Car, à travers mon mot chargé de vie, je continuerai d’exister, même dans la Mort. » Joel Kerdraon
Il meurt à New York en 1931 et son corps sera ramené au Liban, dans sa ville natale, Bécharré.

Le Prophète
Écrit en anglais, le Prophète est une œuvre poétique faite d'aphorismes et de paraboles, livrés par un prophète en exil sur le point de rentrer chez lui. Aux grandes questions de la vie, celui-ci livre au peuple qui l'a accueilli pendant douze ans des réponses simples et pénétrantes. Des thèmes universels sont abordés, mais le fil conducteur reste l'amour. Ainsi est-il dit sur le mariage :
« Emplissez chacun la coupe de l'autre, mais ne buvez pas à la même coupe ». C'est ainsi que Le Prophète est parfois lu à l'occasion de mariages, essentiellement aux États-Unis. À côté des grandes questions de la vie pratique, comme le mariage ou les enfants, le lecteur découvre la connaissance de soi et la religion, conçue ici comme universelle. Ainsi, ce qui fait le succès du Prophète est son universalisme, apte à en faire le livre de chevet de tout un chacun, emportant l'adhésion par de grandes valeurs comme la liberté, l'amour, le respect de l'autre. En cela, le Prophète est un écrit totalement humaniste.
Citations
  • Votre raison et votre passion sont le gouvernail et les voiles de votre âme qui navigue de port en port. Si votre gouvernail ou vos voiles se brisent vous ne pouvez qu'être ballotté et aller à la dérive ou rester ancré au milieu de la mer. Car la raison régnant seule est une force qui brise tout élan. Et la passion livrée à elle-même est une flamme qui se consume jusqu'à sa propre extinction.
  • Si tu ne comprends pas ton ami en toutes circonstances,  jamais tu ne le  comprendras.
  • La solitude est une tempête de silence qui arrache toutes nos branches mortes.
  • Lorsque vous priez, vous vous élevez pour rencontrer dans l'air ceux qui prient à cette même heure, et que, sauf en prière, vous ne pourriez rencontrer.
  • La terre est ma patrie et l'humanité, ma famille.
  • Si l'amour vous couronne, il vous crucifie aussi.
  • Nous ne vivons que pour découvrir la beauté. Tout le reste n'est qu'attente
  • L'amitié est toujours une douce responsabilité, jamais une opportunité
  • Le désir est la moitié de la vie. L'indifférence est la moitié de la mort.
  • La pierre la plus solide d'un édifice est la plus basse de la fondation
  •  Que chacun de vous emplisse la coupe de l'autre, mais ne buvez pas à la même coupe. Et que chacun donne à l'autre de son pain, mais ne mangez pas du même pain. Chantez et dansez ensemble et réjouissez-vous, mais que chacun de vous soit seul. De même que sont isolées les cordes du luth alors qu'elles vibrent du même air.
  • C'est quand vous n'êtes pas en paix avec vos pensées que vous vous mettez à parler;
    Et quand il vous devient pénible d'habiter la solitude de votre coeur, alors vous vous mettez à vivre sur vos lèvres, et votre voix n'est plus que divertissement et jeu.
    Et, dans bien de vos propos, la pensée gît quasi assassinée.
    Le Prophète, Khalil Gibran (trad. Salah Stétié), éd. La renaissance du livre, 2002 (ISBN 2-8046-0633-3), p. 68

La Joie et la Tristesse

Une femme dit alors : Parle-nous de la Joie et de la Tristesse. 
Il répondit
Votre joie est votre tristesse sans masque. 
Et le même puits d’où jaillit votre rire a souvent été rempli de vos larmes. 
Comment en serait-il autrement ? 
 
Plus profonde est l’entaille découpée en vous par votre tristesse, plus grande est la joie que vous pouvez abriter. 
 
La coupe qui contient votre vin n’est-elle pas celle que le potier flambait dans son four ? 
 
Le luth qui console votre esprit n’est-il pas du même bois que celui creusé par les couteaux ? 
 
Lorsque vous êtes joyeux, sondez votre coeur, et vous découvrirez que ce qui vous donne de la joie n’est autre que ce qui causait votre tristesse. 
 
Lorsque vous êtes triste, examinez de nouveau votre coeur. Vous verrez qu’en vérité vous pleurez sur ce qui fit vos délices. 
 
Certains parmi vous disent : La joie est plus grande que la tristesse", et d’autres disent : "Non, c’est la tristesse qui est la plus grande". 
 
Moi je vous dis qu’elles sont inséparables. 
 
Elles viennent ensemble, et si l’une est assise avec vous, à votre table, rappelez-vous que l’autre est endormie sur votre lit. 
 
En vérité, vous êtes suspendus, telle une balance, entre votre tristesse et votre joie. 
 
Il vous faut être vides pour rester immobiles et en équilibre. 
 
Lorsque le gardien du trésor vous soulève pour peser son or et son argent dans les plateaux, votre joie et votre tristesse s’élèvent ou retombent.