Que s'est-il passé dans ma vie de Zinc ces derniers temps? Et bien j'ai un peu "papillonné" à droite à gauche, fureté mon petit nez dans certaines expos. Comme
toujours mon coté boulimique et cyclique a pris le dessus. Voici quelques lignes sur les expositions qui m'ont le plus séduites. Ce ne sont bien sûr que des "coups de projecteurs" qui je l'espère
vous donneront envie d'en savoir davantage et surtout d'aller les voir.
Mon grand "coup de zinc" du moment, c'est l'expo "Le siècle du jazz" au musée du Quai Branly. Oui, "funky
girls", "crazy man", ça swingue au quai Branly et si vous êtes un aficionados du jazz ou tout simplement un curieux en soif de découverte, il faut y aller.
Le Quai Branly propose une rétrospective fleuve (compter bien deux heures pour déambuler à votre guise dans l'expo). Les temps forts du jazz sont présentés par
grandes périodes chronologiques avec un florilège de photos, anciens vinyles, peintures, dessins, extraits de musique à écouter, mini-films à visionner...C'est un régal car on découvre l'apport
indéniable du jazz sur les autres courants artistiques et la bouffée d'air frais qu'il a provoqué dans nos sociétés sans jamais cesser d'évoluer avec son temps pendant près d'un siècle.
Winold Reiss. Interpretation of Harlem Jazz.
Vers 1925, encre et aquarelle sur papier. coll. Henry Field.
Extrait du hors-série de Beaux-Arts Editions consacré à l'exposition.
Foisonnante, rythmée, ludique, l'expo respecte un tempo parfait avec une scénographie savamment orchestrée.
On y découvre les peintures de Archibald J Motley Junior. Un "coup de zinc" pour une des ses toiles peinte à l'huile en 1948,
présentant une fête dans une rue avec des saxophonistes, il fait nuit et le bleu électrique qu'il choisit pour jouer sur la lumière artificielle des réverbères, et la chaleur festive rend un
magnifique hommage à la musique. Je découvre aussi Winold Reiss, ces traits vifs, en noir, blanc et rouge qui propose tout en
rythme une illustration parfaite du jazz...Beaucoup de photos de Carl Van Vechten, portraitiste de talent, sont également présentés; révélant les plus grands artistes jazz de Bessie Smith à
Billie Holiday. Les grands peintres contemporains ont tous, à un moment donné, étaient influencé par le jazz et certains lui ont rendu un bel hommage comme en témoignent notamment les toiles de
Matisse, Dubuffet, Pollock, Basquiat...Une exposition fascinante. On a qu'une envie en sortant, faire des pas de danses et aller au New Morning assister à un concert de jazz! Ou alors pour rester dans sa "bulle" jazzy, prendre un thé en terrasse plein soleil au
café Branly...
Et puis il y a eu ce vendredi après-midi au Centre Pompidou...Une après-midi, c'est bien le temps minimum pour savourer les deux grandes
expositions de ce printemps: Kandinsky et Cadler.
Je serais incapable de vous décrire longuement la rétrospective consacrée à Kandinsky car elle est
exceptionnelle. Plus de cent tableaux y sont présentés et suivent chronologiquement les grandes périodes du peintre. On assiste à la genèse de celui qui créera l'abstraction en peinture et on
suit au fur et à mesure son évolution en fonction d'un contexte historique qui le bouleversera, l'obligera à s'installer en Allemagne puis à Paris. De Russie, en Allemagne jusqu'à Paris où il
finira sa vie, on assiste donc à la naissance d'un génie pour qui l'émotion est au coeur de son oeuvre. Laissez-vous guider par la charge émotionnelle que procure ses oeuvres. Kandinsky,
passionnée de musique, vivait sa peinture comme une partition, les formes, les couleurs ayant leur propre histoire, leurs propres codes.
Avec l'arc noir. Kandinsky
1912, huile sur
toile, 189x198 cm, coll Mnam,
Centre Pompidou, Paris, photo
Philippe Migeat.copyright RMN.
Extrait du hors-série des Editions Beaux-Arts
consacré à Kandinsky
"Fondée sur cette harmonie, la composition est une construction de formes colorées et dessinées qui existent indépendemment en tant que telles, procédant de la
nécessité intérieure et formant par cette vie commune ainsi créee, un tout que l'on nomme tableau". Extrait de son livre: Du spirituel dans
l'art.
Puis, je découvre Alexandre Cadler, un des plus
grands sculpteurs du 20e siècle. Une double formation d'ingénieur et d'artiste explique peut-être en partie son envie de confectionner des objets ludiques. Il réinvente la sculpture en proposant
des sculptures de fils de fer toutes originales. Les plus connues sont ses variations de Joséphine Baker. C'est génial, car c'est léger, linéaire, mobile. Et bien sûr, ce qui l'a fait le plus
connaître : son célèbre cirque miniature qu'il confectionne de 1926 à 1931, qui sera un peu la génèse de tout ce qu'il explorera en plus grandes dimensions par la suite. Avec des matériaux de
récup, fils de fer, bouchons de liège, morceaux de cuirs, il réinvente son monde qui le fera connaître et susciter l'admiration des artistes de l'époque qui se pressent dans son petit atelier de
Montparnasse.
De quoi ressortir le sourire aux lèvres en se disant que son univers n'a pas pris une ride et se rémémorer qu'il ne faut jamais laisser filer son âme
d'enfant!
Joséphine
Baker IV, Alexandre Cadler
vers 1928, fil de
fer, 100,5x84x21cm
Coll. Centre
Georges Pompidou, MNAM, Paris
don de l'artiste,
1966
Extrait du
hors-série des Editions Beaux-Arts consacré à Cadler