Je l’ai fait !
Si, si, si, j’ai franchi la ligne d’arrivée…encore debout ! Après, ça été un peu différent, mais je l’ai fait !
Genèse de l’histoire : depuis avril 2005, je cours pour entretenir ma forme. Deux à quatre sorties par semaine, tranquilles, jamais plus de 1 heure, avec mon Boss (superbe berger allemand de 3 ans maintenant). Et puis un jour un ami (merci NONO !) m’a mis cette idée en tête : que je pouvais courir un semi.
Bon, je le prends au mot (il est habituellement quelqu’un de prudent de raisonné et juste dans ses jugements !), du coup mon mari aussi et nous voilà partis pour 7 semaines de préparation : 5 sorties par semaine, courtes, longues, rapides, du fractionné : la totale quoi !
19 avril, le grand jour arrive, c’est la 1ère course de ma vie, à 46 ans : mdr !
Mais voilà, il y avait un monde fou, plus de 7000 personnes, et en même temps un 10 km. Une ambiance extra, presque inénarrable, une tension joyeuse, bref la fête quoi ! C’est ainsi que j’ai couru les 10 premiers km avec de joyeux drilles pleins d’humour : un vrai plaisir !
Hors, j’en avais 21 à faire et, imparablement, l’enfer a commencé…dans le 13ème km !
Pour être certaine d’être inexcusable je dois dire que je cours avec un cardio et que je savais parfaitement que je ne devais pas dépasser les 145 (pulsations/minute) pendant les 10 premiers km.
Alors pourquoi ai-je couru la première heure aux alentours de 158 ????? Mystère épais !
Toujours est-il que j’ai même demandé à un GO sur le bord de la prom’ (oui, les 10 derniers c’est un aller retour jardin Albert 1er – aéroport) comment on faisait pour rentrer !!!!! La voiture balais étant très loin derrière et le soleil trop chaud pour attendre, j’ai pensé qu’il fallait quand même arriver au ravitaillement des 15 km.
Mais quelle solitude ! Où étaient-ils donc passés tous ces gens sympas qui plaisantaient avec les spectateurs, qui blaguaient tout autour de moi ? J’étais seule, écrasée par la chaleur, les pieds qui bouillaient, le moral miné par tous ces fiers sportifs que je croisais par vagues denses, déjà sur le retour…Tout à coup, parmi ces vaillants (eux !) sportifs j’ai aperçu un ami qui se « décrassait » après avoir fini le 10 (il le court en 39’’, pauvre de moi !). Il accompagnait d’autres coureurs sur le retour et, gentiment, a rompu ma solitude pour m’accompagner pendant quelques minutes. Puis, Hassan parti, j’ai replongé dans la souffrance et je ne devais pas avoir très bonne mine car, en me croisant, un grand gaillard m’a tendu une bouteille d’eau que j’ai saisi au vol et que je me suis empressée de me verser sur la tête ! J’ai à peine vu que je croisais mon cher et tendre qui me tendait de l’eau lui aussi et m’annonçait le demi tour à 6’’. Au ravitaillement du 15 km j’ai du passer pour une folle : j’ai pris une boisson énergisant et 2 bouteilles d’eau ! Quel tableau : repartir en courant (quand même) mais à l’agonie, les bras chargés !!!! La boisson énergisante a fini dès la première gorgée dans le caniveau. C’était un truc chimique, trop sucré. Il paraît d’ailleurs qu’on n’essaye jamais rien de nouveau pendant une course, mais j’ai cru que c’était de la potion magique…Et puis le panneau 17 km, enfin ! Et dire que cette distance j’étais capable de la faire tranquille, presque sans effort, fraîche à l’arrivée, mais à l’entraînement !!! A partir de là j’ai eu des vertiges, la nausée ; je me suis éloignée du trottoir pour ne pas me fendre le crâne, si des fois je venais à m’évanouir…Et puis j’ai cru qu’il n’y avait plus de bornes kilométriques, je courrais, mais il n’y avait plus de panneau : chic alors le prochain c’est 21 km ! Quand j’ai aperçu le 18 j’ai cru que la terre s’ouvrait sous mes pieds. C’est pas possible, je n’ai pas fait qu’un seul km. Promis à 19 je m’allonge et j’attends la voiture balais. Après non, il y aura trop de monde massé pour l’arrivée et j’aurais trop honte d’abandonner…Pui à 19, surgissent brutalement, à moins de 1 mètre de moi (et pourtant la prom’, c’est droit et on voit très loin) ma sœur et mon fils (fort, grand, droit, souriant) qui « venaient me chercher » pour m’emmener à l’arrivée…Ils avaient terminé le 10 depuis des lustres (12ème de sa catégorie, mon fils !) .J’entends encore ma soeur me répéter sans cesse « ne lâche rien », « lève la tête », « soit fière », « tu vas le faire »…De ces 2 km je ne me souviens de rien d’autre…
Et puis il y a eu l’arrivée où mon mari a fini les 10 derniers mètres avec moi, où il m’a passé la médaille autour du cou, puis les pompiers qui m’ont empêchée de m’écrouler : direct l’infirmerie !
Tension à 7,
20 minutes de brancard,
Du repos, Enfin !
Mais, je l’ai fait !
Finalement, ça a duré 2h42. Je n’ai pas fait honneur à l’entraînement de mon amour de mari. Lui, a brillamment réussi sa première course en bouclant en 2h13, « fingers in the noose ».
Je suis restée traumatisée quelques jours. Expérience incroyablement profonde que d’aller au bout du bout. Je ne dirai jamais plus « je suis vidée », maintenant je sais ce que c’est, pour de vrai. Il y a eu l’avant semi-marathon, il y a l’après.
J’ai aussitôt recommencé à courir malgré un peu d’hypotension les 2 jours suivants…
Objectif marathon !