Rêveries sur l'esprit Européen

Publié le 25 avril 2009 par Valabregue

À la veille des élections européennes de juin 2009 qui ne font guère recette et ne mobilisent pas les partis politiques, à part le Modem et les Verts (dont nous vous invitons à lire le manifeste) nous vous proposons un petit voyage à partir d'un livre salué comme extraordinaire aussi bien par l’université de Yale: que par la presse anglo saxonne : « Europe between the oceans » de Barry Cunliffe.

L'auteur, spécialiste mondialement reconnu du premier millénaire avant JC, examine, à la manière de Fernand Braudel, les déséquilibres moteurs de cette excroissance de l'Asie, pleine de zones écologiques différentes, qu'est l'Europe. Et ce, sur la période allant de 9000 av J-C à 1000 post J-C.

L'auteur estime par exemple que la représentation du monde des habitants des côtes était plus riche que ceux des forêts, parce qu'ils étaient en contact avec les cycles naturels de la marée et de la lune.

Au huitième millénaire avant J-C, la surexploitation des terres obligea les premiers agriculteurs à gagner les côtes méditerranéennes. En emportant leurs bagages néolithiques (agriculture, élevage, poterie, outils en pierre polie, sédentarité).

Vers l'an 1000 de notre ère, la croissance démographique et la concurrence pour les terres poussèrent les peuples germaniques à franchir les frontières de l'empire Romain.
A toutes les époques, on voyage pour les ressources.

Quels sont les voyages que chacun de nous a envie de faire ?

Qu'est ce que nous emporterions de spécifique de notre culture avec nous ?

Voilà une question qui me paraît centrale à une époque marquée par la fin de la supériorité occidentale pour un long, long moment sans doute.

Les réseaux d’individus se sont constitués pour obtenir les matériaux nécessaires à la fabrication des armes, et du bronze, pour pallier la rareté et l'éparpillement des gisements.

Pendant toute cette période, les êtres humains étaient des biens.

Les changements techniques interviennent le plus souvent par la concomitance ou la successivité de deux raisons : l'arrivée de populations nouvelles (qui ne viennent pas tous de l'Est) et les voyages (par ex. en mer Egée). La thèse des apports dus aux migrations, constatés grâce à l’analyse ADN et la datation au carbone 14, est de nouveau en vogue (après la période nazie !!).

Il se trouve qu'on a inventé l'histoire à une époque, celle de la fin de l'age du fer- où les tribus et les peuples entiers renouèrent avec la mobilité après plusieurs millénaires de stabilité relative.
De 500 av J-C à 200 av J-C, on assiste à une migration massive des populations celtes vers le Sud et l'Est. Même scénario au début de l'époque romaine avec les Cimbres et les Teutons. Idem à la fin de l'empire Romain avec les peuples germaniques.

Migrations et entreprises de colonisation des Saxons des Vikings et des Arabes, ont forgé peu à peu une sorte de culture paneuropéenne.

Il n'est pas interdit de s'interroger comme le faitOliver Toddsur les migrations actuelles.

D'autant plus que flux et reflux de la connectivité des populations est pour lui un thème central.

Barry Cunliffe, étudiant la manière dont l'agriculture et l'élevage se répandent en Europe, évoque la persistance d'un système de valeurs intégrant la croyance que les jeunes hommes ne peuvent acquérir un statut social qu'en se lançant dans des entreprises de colonisation. Au-delà de l'approvisionnement et de la pression démographique, sans doute ce désir est lié à une dynamique sous-jacente plus profonde (cequi relativise ainsi les thèses Heidegger). Un esprit pionnier, un désir de voir ce qu'il y a au-delà, à l'Ouest ? Par fascination du soleil couchant ?

Qu'en est -il à note époque. Qu'est ce qui remplace la colonisation ? Internet ?

Si l'âge de bronze tardif forge un avant-goût de l'union européenne, période de prospérité et de structures sociales stables, avec son lot de valeurs du seigneur guerrier et ses rituels d'adoration de la terre et de vénération du ciel, la substitution de la crémation à l'enterrement, le développement de la triade oiseau-bateau-soleil contribuent à une croyance « universelle » partagée.

La période de l'invention du fer vers 1000 av J-C coïncide avec un changement climatique vers le froid et l'humide, provoque une diminution des rendements agricoles et introduit un début de déconnexion liée à l'abandon de la route du bronze et à la présence équilibrée du fer un peu partout. Ainsi une partie de la Grande Bretagne perd contact avec le reste du monde. Les grands peuplements cèdent la place à des petites communautés hiérarchiques plus soupçonneuses, censées contrôler les surplus agricoles. Les guerres ressurgirent en Méditerranée qui est l’objet de colonisations agressives.

Les élites de l'age du fer n'avaient de cesse d'accumuler richesses matérielles et pouvoir, ce qui entraînait une exploitation de la population locale toujours plus nombreuse. C'est le début de la chasse aux esclaves et des migrations Nord-Sud.

L'age de Fer culmine avec l'empire Romain, dont les problèmes de productivité et de démographie minèrent la structure au départ instable. L'empire Romain était au centre, fondamentalement improductif et consommait la production des provinces soumises à une très forte pression fiscale. À l'extérieur de l'empire campaient des armées immenses et ruineuses qui absorbaient aussi plus de richesses qu'elles n'en créaient. Au milieu -l'Espagne, la Gaule, l'Afrique, l'Asie mineure, la Syrie, l'Egypte étaient écrasées sous des exigences de production et des impôts.

Au II siècle, après la peste, on assista à une forte baisse de population. Il faut attendre le développement de l'Europe atlantique avec ses grands navires pour que les conquêtes « glorieuses » se rétablissent…

Thèses, extraites du London Review of books, traduit par Bookmags

Sommes-nous à un moment de retournement et de repli sur soi des peuples européens ? Il faudrait espérer que cela soit faux.

Nous terminerons ce voyage par deux extraits du manifeste Europe Ecologie :

Notre démarche consiste à opposer pied à pied des alternatives aux logiques destructrices et spéculatives, à trier entre ce qui est possible et ce qui ne l’est plus, à rassembler les énergies pour que la société s’engage dans une transition vers un monde qui, à défaut d’être parfait, restera viable pour tous et se montrera plus juste au plus grand nombre.

L’intensité de la crise offre paradoxalement une opportunité historique de jeter les bases d’un nouveau monde en puisant dans les meilleures valeurs du patrimoine humain, de mobiliser les intelligences et les énergies pour encourager leur créativité, de rénover la démocratie et de réhabiliter la politique. Avec l’Europe écologique et sociale, nous avons l’occasion de reprendre en main notre destin pour vivre mieux. A nous tous de la saisir !

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