Albin Michel
Collection Wiz
Paru en Février 2009
357 pages
Roman adolescent à partir de 12 ans
Quatrième de couverture: Clara Charpentier joue la fée dans le palais des Mirages, une illusion optique créée par son père, lorsqu'un accident manque de lui coûter la vie. Accident ou sabotage ? Avec les palais de l'Exposition universelle comme toile de fond, Clara, Lukas, des industriels de la guerre et une bande d'illuminés russes vont être entraînés dans un tourbillon d'événements dont l'issue décidera de la couleur du xxe siècle. Sera-t-il blanc comme la paix ou rouge du sang de la guerre ? Bienvenue à Paris en 1900.
Me voilà fort dépourvue quand une fois le livre lu, je ne sais plus... Le Palais des Mirages est un roman foisonnant, multipliant les détails, tissant une intrigue étonnante, jouant sur les genres. Le Palais des Mirages échappe à toute classification tellement le style est riche.
Imaginez-vous en plein coeur de Paris, en 1900. C'est l'Exposition Universelle. Paris grouille, Paris vit. Les attractions et les monuments transforment la capitale en une métropole mondiale. Le cosmopolitisme ambiant est palpitant: Palais des mille et une nuit, Temple hindou, Forêt enchantée, le restaurant du Transsibérien, Palais de l'Horticulture. On voyage. On s'y croirait. La description est puissante, saisissante, captivante. Magique. Voilà pour le contexte à la fois enchanteur et urbain, où le merveilleux l'emporte sur l'insdustriel.
Mais ce projet excitant et palpitant est menacé par des anarchistes, mystiques qui cherchent à faire renaître les dieux nordiques. S'ensuit une course effrénée, parsemée d'ésotérisme, de voyage au Royaume des morts, une quête à la fois onirique et spirituelle. Le récit prend des allures d'enquête policière, de thriller politique et alterne sublimement avec le fantastique. A cela s'ajoute des références mythologiques nordiques... Ce roman a tout pour lui. Avec un art consommé du décor féérique, le lecteur est bercé par un jeu de miroirs, de lumières et de fragrances au parfum d'exotisme et de dépaysement. Hervé Jubert m'a conquise par cet univers plein de contrastes: fantasque, un brin bohême, loufoque, fantaisiste, le tout conjugué par une plume pleine d'énergie et de passion pour une époque incroyable.
Le Palais des Mirages est donc bien cette fable décapante, une traversée illuminée par de sompteuses illusions d'optique. Un récit où le lecteur erre, vagabonde, se perd, s'égare et qui simultanément se retrouve dans des fragments de rêves, un monde hallucinant, excentrique et abracadabrant. Sans compter sur une couverture formidable, illustrée par Shelly Wan et qui invite à ce voyage faramineux.
Et pourtant, même si j'ai aimé, l'intrigue est tellement ambitieuse, fourmillant de pièces que je n'ai pas su finalement restitué le puzzle. Il me semble que ce roman reste difficile d'accès par certains aspects littéraires pour des adolescents. Le personnage de Lukas, ne m'a pas réellement transcendé. Il est froid, distant, ambigu au contraire de Clara avec laquelle je me suis sentie plus en confiance. Malgré ce petit bémol, l'originalité et l'esthétique du roman sont telles que l'on est obligé d'admirer Hervé Jubert pour ce tour de force. Car Le Palais des Mirages reste un très bon roman.