Entrer chez Dialogues à Brest c’est entrer en résistance. Contre le conformisme, contre l’idée que la lecture ne serait que réservée à une élite. Depuis la création du lieu en 1976 par Marie-Paul et Charles Kermarec, le succès de la librairie préférée des Brestois ne s’est jamais démenti. Pas même lors de l’arrivée de la FNAC dans la cité du Ponant en 2002.
Au fil du temps, l’empreinte Dialogues s’est transmise à un magasin de disques et à une boutique de produits culturels pour enfants. Les trois magasins réalisent près de 16,7 millions d’euros de chiffre d’affaires chaque année. Le site internet de la librairie vient d’être refondu pour proposer aux internautes l’ensemble du fonds et son trésor inestimable : les conseils des libraires, jamais oppressants, toujours présents. Lovés dans les canapés, les lecteurs sirotent leurs lectures, certains ne pas être dérangés. Ici, on donne du temps et on prête des lunettes aux étourdis qui ont oublié les leurs, et des parapluies pour ceux qui, fidèles à Prévert, pensent qu’il pleut encore sur Brest.
Le café hébergé dans la librairie accueille chaque semaine plusieurs conférenciers, venus parler de leurs livres comme on se met nu devant un public dense et connaisseur. Il n’est pas rare de croiser Erik Orsenna, qui en a fait son port d’attache, Tahar Ben Jelloun y est attendu la semaine prochaine, ou encore Michel Serres. Le philosophe qui, à propos de Marie-Paul Kermarec, l’âme des lieux, décédée en 2008, lui rendit ainsi hommage : « Elle était verticale ». Comme il se doit pour rejoindre le paradis des livres.