C'est un guerrier qui va raccrocher les crampons à l'issue de cette saison. Et pas n'importe lequel.
Simple soldat puis capitaine, couverts de médailles et de blessure, recordman de sélections (118 !), multititré, Fabien Pelous a annoncé ce dont tout le monde se doutait un peu. Soucieux de ne pas faire la saison de trop, l'ancien cadet de Saverdun, passé par Graulhet et Dax, va donc terminer sa 12ème saison au Stade Toulousain. Peut-être par un 4ème bouclier de Brennus.
On ne refera pas ici son parcours. On se souviendra simplement de ses combats sous le maillot rouge-et-noir, avec lequel il a glané, outre le "bout de bois", deux H Cup. Toujours présent pour déblayer les rucks ou pousser la mêlée, le capitaine Toulousain a su apporter son expérience, pour ne pas dire son vice, à un pack qui va perdre beaucoup avec son départ. Il est étonnant de constater que cette saison est peut-être l'une de ses plus réussie depuis trois ans. Epargné par les pépins physiques, il peut faire profiter ses coéquipiers de sa science du jeu et, même s'il ne l'avoue pas, les emmener une dernière fois au Stade de France. Avouons que cela serait une apothéose digne de lui.
Sous le maillot bleu, son meilleur souvenir, a-t-il confié, restera la demi-finale de la Coupe du Monde 1999. Exploit sans lendemain, la victoire face à la Nouvelle-Zélande est représentative de ce qu'incarne Fabien Pelous pour ses admirateurs : l'amour du combat et le refus obstiné de la défaite.
Pas toujours discipliné au début de sa carrière, il a su travailler pour corriger ce défaut pour devenir l'un des tout meilleurs deuxième ligne du monde. Evidemment, il a parfois dû se résoudre à opérer quelques "mises au poing" de temps à autre, au risque d'être pris par la patrouille (ha, Cardiff 2008 !!). Mais après tout, c'est aussi un aspect du job : se faire respecter et assurer son adversaire que même si l'arbitre ne siffle pas ses fautes, il ne pourra pas forcément faire ce qu'il veut...
A cet égard, on espère pour Toulouse comme pour l'équipe de France, qu'un joueur de sa trempe finira par endosser ce rôle de leader qui allait si bien à Fabien Pelous.
Avec le départ de "menton" (un pic, un roc, une péninsule...), c'est un chapitre du rugby Français qui s'apprête à se refermer. Avec ses exploits et ses échecs, ses rêves de grands chelems (1997, 98, 2002 et 2004) et ses cauchemars de demi-finales de Coupe du Monde 2003 et 2007.
Le Grand restera évidemment dans le monde du rugby. Mais gageons que, par moments, ses anciens coéquipiers se prendront à le chercher du regard sur le terrain, espérant retrouver la silouhette de celui qui savait d'un regard leur redonner l'envie et le courage de retourner au combat...