J'ai donc commencé "La valse lente des tortues" avec un petit sourire, puisque c'est la suite de ce livre que j'ai lu, il y a environ un an : j'avais l'impression d'avoir des nouvelles d'une vieille copine et j'avais vraiment hâte de savoir ce qu'elle devenait. On y retrouve les mêmes personnages : ses filles qui sont maintenant des adolescentes, sa famille, son amie... et Joséphine est restée exactement la même.
Elle se pose toujours autant de questions : " Qu'est-ce que je sais de la vie aujourd'hui ? Pas grand chose. J'apprends, en ce moment." Elle apprend en tant que femme, en tant que mère, en tant que soeur de et fille de, en tant qu'amoureuse... Elle découvre... Elle se découvre :
- "Arrête de te prendre pour une quantité négligeable ! Tu es une personne formidable ! Il faut que je m'entraîne à le penser. Je suis une personne formidable, je vaux la peine d'exister."
On parle beaucoup d'amour dans ce livre : ça va des premiers émois amoureux des adolescentes, au couple qui refait sa vie après un divorce, en passant par l'aigreur de la femme délaissée par son mari ou aux excès de la passion amoureuse... et pourtant, on ne tombe jamais dans le roman à l'eau de rose, BarbaraCartlandisé.
- "Et qu'est-ce qu'on fait quand l'amour creuse un trou dans le coeur, un trou tellement gros qu'on dirait un trou d'obus, tellement énorme qu'on pourrait voir le ciel à travers ? [...] Une femme amoureuse est-elle forcément une femme inquiète, douloureuse ?"
On parle d'amour, mais pas seulement. On y parle aussi de la jalousie, du pouvoir de l'argent, des conventions sociales, d'absence du père, de familles recomposées, de compétition professionnelle... et de meurtres.
Le seul reproche que je ferais à ce roman est l'intrigue policière. Je ne vois pas ce qu'elle apporte vraiment de plus au roman. Il y a certes un peu de suspense, mais je ne suis pas certaine que ce soit ça qui apporte vraiment un petit plus au livre. Au contraire, ça le décale un peu plus de la réalité dans laquelle il pourrait être totalement immergé.
En bref, je l'ai bien aimé. J'ai pris autant de plaisir à le lire que le premier opus. (D'ailleurs, si vous n'avez pas lu "Les yeux jaunes des crocodiles", les premiers chapitres du 2ème tome reprennent l'essentiel). Je suis sensible à ces portraits de femmes de notre époque, toutes différentes mais semblables : on s'y retrouve, on retrouve d'autres personnes de notre entourage... C'est certainement ce qui fait qu'on a l'impression que Joséphine est une amie qu'on retrouve... et le fait qu'elle soit une maman célibataire renforce cette proximité.
- "Je vais reprendre ma vie de femme seule. Je sais vivre seule. Ou plutôt, je sais survivre seule. L'oreiller voisin qui reste froid et lisse, le lit où l'on se couche en n'ouvrant qu'un seul côté, en laissant toute la place à l'autre qui ne vient pas, qu'on attend parfois le front bas et buté, et les bras familiers et froids de la tristesse qui se referment sur cette attente qu'on devine infinie. Seule, seule, seule. Même plus un bout de rêve à caresser, un bout de film à regarder."