P.Laranco : réflexions.

Par Ananda
Se ressembler.
Cela peut être une source de rapprochement.
Mais cela peut être aussi une redoutable source de rivalité.


La différence, c'est ce qui jette un défi à l'empathie.
Toute rencontre d'un semblable sollicite les neurones-miroirs de l'homme.
Toute la difficulté est là. Car comment pardonner la différence lorsqu'est en jeu le mimétisme ?
C'est l'échec de l'empathie, de la possibilité d'empathie qui amène le rejet de la différence.


L'instinct social de l'homme peut être la meilleure comme la pire des choses.


C'est l'instinct social de l'homme, sa capacité d'empathie  qui, paradoxalement, est à l'origine de tous les racismes (et j'inclus dans ces racismes-là la misogynie et l'homophobie).
Quand vous ne pouvez pas vous mettre à la place de l'autre, vous identifier à lui,vous le haïssez. C'est l'irréductibilité de sa diférence qui vous agresse.
Et, au fond, ce qui vous agresse à travers elle, c'est l'inaccessible, ou encore, si l'on veut formuler la chose autrement, "ce qui vous est refusé"


L'individu humain se projette sur le monde extérieur. C'est là, sans doute, encore, une conséquence de son empathie.
C'est son mimétisme inné qui le pousse à communier avec le monde, à se l'approprier, à communiquer avec lui, à se l'apprivoiser.
L'individu humain ramène tout à lui, instinctivement. Il interprète tout en fonction de ses propres réactions, de son propre ressenti.
Et c'est, précisément, son sens aigü du partage qui lui fait ressentir toute différence irréductible comme une forme de trahison, si ce n'est pas d'agression.


L'homme n'est jamais seul, avec tout ce qui fourmille dans sa tête : les souvenirs, les rêves, les créations de l'imaginaire.
Tout cela forme un monde, un véritable monde qui le dédouble.
L'homme peut-il vraiment être solitaire alors qu'il est pluriel, qu'il est "habité" ?


Vivre...cela consiste à partir de rien pour arriver à pas grand chose.


Le Français a, souvent, une nette tendance à mépriser tout ce qui n'est pas lui (à savoir les autres) au nom d'un individualisme mal compris et d'une confiance en soi au fond plutôt fragile, sans cesse en quête de réassurance précisément aux dépends de l'autre.
S'il méprise, pour prendre un exemple précis, les Noirs, ce n'est pas tant qu'il leur attribue une infériorité réelle. Non...c'est bien plutôt parce qu'il s'appuie sur les bonnes vieilles images coloniales pour attribuer au Noir le place vitale de "plus petit que soi".
Je ne qualifierai pas, en toute sincérité, le Français de "raciste". Je dirai plutôt que ce qui mène le Français par le bout du nez, c'est le besoin de "se sentir plus que", "mieux que". D'avoir le dessus.
Se sentir "plus que, mieux que" la concierge lusitanienne, que l'Arabe manieur de marteau-piqueur, de l'éboueur venu d'Afrique. Poser - et , en conséquence clamer - son "aristocratie" à la face du monde. Attirer l'attention sur son Moâ, le seul, le vrai, l'unique, cela le rend mauvais, méchant. Critique acerbe, dévaluateur de tout ce qui n'est pas "lui". Et, au fond, au bout du compte, personne ne trouve vraiment grâce à ses yeux. Tout se passe comme si, en ce monde, tout avait le tort de n'être pas lui-même !


Les gens narcissiques attirent. C'est à se demander pourquoi.
Car ils n'ont en fait qu'extrêmement peu de choses à apporter à l'autre.
Mais c'est bien un fait. Ils attirent. Comme la lumière fatale d'une lampe attire les papillons de nuit jusqu'à ce qu'ils se brûlent les ailes.
Ainsi, l'être humain serait aussi stupide qu'un papillon ?


P.Laranco